- L’Allemagne a capté 89% de la croissance européenne depuis 2008
- La mise en place des réformes de flexibilisation du marché du travail et le modèle économique allemand en sont la cause : le pays surfe sur la croissance hors zone euro.
- Le marché intérieur européen est dévasté par les erreurs commises par la BCE, qui ne voit pas le problème. L’Allemagne non plus, puisqu’elle n’en a pas besoin.
- Pour les pays qui ont un modèle tourné vers le marché intérieur européen, la crise perdure.
Le lundi 4 août 2014, le journal Le Monde rapportait les propos de François Hollande "Nous ne sollicitons pas de l'Allemagne une quelconque indulgence, mais nous lui demandons un soutien plus ferme à la croissance" (lire ici, édition abonnée).
La porte-parole du gouvernement d’Angela Merkel ; Christiane Wirtz, s’était alors empressée de répondre au Président Français :
"Les déclarations très générales en provenance de Paris ne fournissent aucune raison pour de quelconques corrections dans la politique économique"(…)"L'Allemagne est déjà une locomotive importante, la plus importante même, pour la conjoncture de la zone euro". Le fait est que depuis l’entrée en crise, l’Allemagne n’en finit plus de provoquer soit un sentiment de crispation soit un sentiment d’admiration. Deux visions s’opposent, l’Allemagne est-elle une locomotive ou un frein à la croissance européenne?
Cette question est légitime. Car l’Allemagne est bel et bien devenue l’aspirateur de la croissance européenne. Sur les 5 dernières années, 89.15% de la croissance de la zone euro a été captée par ce seul pays. Et ce, alors même que son économie ne représente que 28.5% du poids économique de l’ensemble.
Le déséquilibre est à ce point massif qu’il en est évidemment insoutenable. Ainsi, lorsque l’Allemagne se refuse à "un soutien plus ferme à la croissance" il y a bien une raison : elle n’en a tout simplement pas besoin. En termes de croissance, elle a déjà ce qu’il faut.
% de la croissance de la zone euro (prix courants) captée par l’économie Allemande. Lissée sur 5 ans.
Alors que l’économie d’outre-Rhin bénéficiait d’environ 20% de la croissance européenne avant crise, ce qui est en fait plutôt faible en considération de son poids économique (28%), elle est aujourd’hui en situation de quasi-monopole. Alors comment l’Allemagne a-t-elle fait pour en arriver là ?
D’abord ce qu’elle a bien fait : la flexibilisation du marché du travail. Lorsque la crise frappe le plus durement entre 2008 et 2009, les employeurs allemands ne licencient pas car ils ont la possibilité de réduire le nombre d’heures travaillées de leurs salariés.
Ces derniers gardent leur emploi et devront adapter leurs heures de travail en fonction de la demande. Le résultat est que le taux de chômage n’est pas touché et les dépenses d’assurance chômage sont contenues.
A l’inverse, privés d’une telle flexibilité les autres pays européens vont se retrouver dans des processus de forte hausse du taux de chômage venant impacter négativement les dépenses de consommation, et positivement les dépenses publiques. Celles-ci devront alors être compensées par des hausses d’impôts ou des réductions de dépenses des administrations ayant également un effet récessif.