Le PS va-t-il payer le prix du mariage gay ?

Ah, cet art de l’euphémisme chez certains experts... Ce matin, la confidentielle Lettre de l’Expansion, réservée aux officines de pouvoir et d’influence, dévoile en exclusivité une étude réalisée par l’Observatoire de la vie politique et parlementaire sur les élections municipales de 2014.

Les experts estiment que le scrutin, à l’échelle nationale, sera un « revers limité » pour le Parti socialiste, qui contrôle la majorité des communes françaises. En revanche, localement, apparaît un risque jusqu’ici non-évalué : "Certaines lois récentes, présentées d’égalité, pourraient devenir un handicap [pour la gauche] dans le maintien ou la conquête de villes de l’Ouest et du couloir rhodanien", prévient doctement Denys Pouillard, directeur de l’Observatoire, et gauchiste décomplexé [1].

Autrement dit, le PS risque de payer au prix fort son acharnement à vouloir changer la définition du mariage, dans des territoires encore marqués par unethos catholique, que l’étude évalue à « 70 villes importantes », parmi lesquelles Lyon, Dijon et Lille. Denys Pouillard précise que deux électorats en particulier se détourneraient de la gauche : « bourgeoisies de centre-ville et bobos âgés ».

Ce scénario, qui doit encourager la droite et les dissidents à gauche à rester ferme sur la question des valeurs, avait déjà été avancé par le démographe Hervé Le Bras en avril dernier, lui aussi peu suspect de sympathies pour La Manif Pour Tous : « Avec le mariage pour tous, le PS a fait une erreur électorale énorme ».