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23 avril 2014 00:05

Le leader du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, au Parlement de Strasbourg, mi-mai. Il y siège depuis 2009.

 

Jean-Luc Mélenchon, mauvais élève du Parlement européen ? Il suffit de poser la question à l’intéressé pour recevoir une volée de bois vert dont il a le secret. Et particulièrement lorsqu’on cite le classement VoteWatch, réalisé à partir des données du Parlement européen, et qui fait autorité pour mesurer l’activité des eurodéputés. Pourtant, la ligne de défense du chef de file du Front de gauche est complètement bancale. Explications. 

1. Mélenchon contre VoteWatch

Selon VoteWatch, M. Mélenchon est l’un des eurodéputés français les moins assidus. Il est classé 677e sur 764 pour sa participation aux votes, avec un taux de 70,01 % (sous les 50 %, un eurodéputé perd ses indemnités). En moyenne, les eurodéputés participent à 84 % des votes et les eurodéputés français à 83 % d'entre eux.

>> Lire : Les absences de l'eurodéputé Mélenchon

Des chiffres bien moins catastrophiques, cela dit, que ceux de Harlem Désir, nouveau secrétaire d’Etat aux…. affaires européennes, qui stagne à 50,15%, à la limite de la perte d’indemnités. L’eurodéputé français le plus assidu, l'UMP Jean-Pierre Audy, se classe 23e, avec une participation à 96,97% des votes. Marie-Christine Vergiat, qui siège avec M. Mélenchon au groupe GUE, a, elle, participé à 84,3% des scrutins.

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Sur son blogJean-Luc Mélenchon s’en prend volontiers à VoteWatch et à la presse, accusés de mentir en le faisant passer pour un eurodéputé peu assidu. Le site de classement ? « Financé par des lobbyistes », explique M. Mélenchon, évoquant pêle-mêle Georges Soros, « de grandes firmes », « des visages de la nouvelle social-démocratie ».  L'eurodéputé se défend des « allégations burlesques » et présente sa « façon d'être député » (voir image ci-dessous).

 

VoteWatch, qu'est-ce que c'est ? Une ONG, qui existe depuis 2009. Elle travaille de façon indépendante, mais compte dans ses membres des spécialistes du Parlement européen. Son financement est assuré par plusieurs organisations et groupes, dont, effectivement, la Open Society Foundation du milliardaire américain Georges Soros, par exemple. Tout est précisé sur le site.

VoteWatch ne fait pas d'analyse subjective ou de tribune à partir de son travail. Elle se base sur les données du Parlement européen pour classer les eurodéputés selon divers critères : participation aux votes, loyauté à son parti lors desdits votes, rapports signés, amendés, opinions rédigées, etc.

La méthodologie de VoteWatch est expliquée sur son site. Elle est relativement simple : il s'agit de compter. L’accuser d’être biaisé car  « aux mains des lobbies »semble donc incongru : le site utilise les chiffres officiels du Parlement européen. Et il ne discrimine pas les députés de gauche radicale :  une députée allemande membre du même groupe que M. Mélenchon, le GUE-NGL, est classée 15e pour sa présence lors des votes.

2. Mélenchon « premier des Français » selon un autre classement ?

Interrogé sur France 5 le 13 avril, M. Mélenchon assurait que VoteWatch ne tenait compte  que « d’une seule et unique chose : le nombre de fois où on bouge les doigts dans la machine à voter ». Et l’eurodéputé de préciser : « je suis, sur un autre site, le premier des Français pour les explications de vote (…) je fais ce que je peux ». 

 Quel est donc ce site dont M. Mélenchon fait une abondante promotion sur son blog d’eurodéputé ? Il s’agit de « MEP ranking ».

Ce site, plus simple que VoteWatch, existe depuis 2009. Son concepteur, un jeune homme nommé Miquel Català i Coït, milite pour la reconnaissance de la langue catalane. Il avait créé le site dans le cadre de projets destinés à attirerl’attention de la communauté européenne sur cette question linguistique.

Comme l'explique son fondateur, « MEP ranking » utilise exactement les mêmes sources de données que VoteWatch : celles du Parlement européen. Mais un critère distingue le site aux yeux de M. Mélenchon :

« Dans les médias, les "journalistes" répètent le refrain de ma supposée "présence épisodique" sans jamais recouper leurs sources, ce qui est pourtant une obligation professionnelle. Ils m'interrogent systématiquement en se servant du site VoteWatch. Or, ce site est financé par des lobbyistes. Il ne ne s'intéresse pas à l'activité réelle des députés européens, mais seulement à des éléments comptables que lui fournit gratuitement le Parlement européen ! Les "journalistes" ignorent (ou feignent d'ignorer) qu'il existe d'autres sites de classement, qui centrent au contraire leur attention sur l'activité réelle des eurodéputés. Et là, surprise pour les abonnés à VoteWatch ! Je suis parmi les députés les plus actifs de tout le Parlement européen ! »

En réalité, « MEP ranking » classe M. Mélenchon 39e. Et travaille avec quasiment les mêmes chiffres et méthodes que VoteWatch. Mais comment, avec des sources similaires, autant de différences ? La réponse tient en trois mots : explications de vote.

3. Mélenchon, champion de l’explication de vote

Qu’est-ce donc ? C’est très simple : un parlementaire européen peut intervenir en séance, ce qui est comptabilisé. Or, M. Mélenchon est un champion toutes catégories des interventions en séance : il se classe en 20e position sur « MEP ranking » pour ses speeches  : pas moins de 1 110 sur sa mandature, soit cinq fois le score moyen des eurodéputés français (209).

VoteWatch a choisi de ne pas prendre en compte cette donnée « interventions en séance » dans ses classements ; « MEP ranking », oui.

Or, que constate-t-on sur ce site ? Que c’est bien la seule activité où M. Mélenchon se distingue réellement. Il suffit d’aller sur sa page sur MEP Rankingpour lire les autres chiffres :

  • taux de participation aux votes 70 % (84 % en moyenne)
  • 46 questions posées (moyenne des eurodéputés : 127)
  • 40 motions déposées ou soutenues (50,97 en moyenne)
  • 0 rapport (1,46 en moyenne)
  • 0 rôle de rapporteur (19 fois en moyenne), six amendements sur des rapports (70 en moyenne)
  • 0  opinion (1,83 en moyenne)
  • 0 déclaration solennelle (1,54 en moyenne)

Bref, ce qui « sauve » l'activité parlementaire de M. Mélenchon, outre sa présence en plénières (il suffit de signer pour être noté présent, même si on n'est pas resté très longtemps), ce sont bien ses explications de vote.

 MEP Ranking affiche par ailleurs un outil permettant de mesurer la fréquence des interventions en séance dans le temps.

 

Fréquence des explications de vote de M. Mélenchon depuis le début de sa mandature, sur le site MEP Ranking

 

On constate une nette accélération des interventions en séance de M. Mélenchon après 2012 : du début de sa mandature, en 2009, au 30 décembre 2012, il avait fait 438 interventions, soit moins de dix par mois. Du 1er janvier 2013 à aujourd’hui, il en a réalisé 672, soit plus de 40 par mois !

4. L’astuce des questions écrites

Mais comment M. Mélenchon peut-il être aussi actif durant les séances et avoir un si mauvais classements aux votes ? C’est très simple : grâce à l’article 170 du règlement du Parlement européen. Voici ce qu’il prévoit :

« Lorsque la discussion générale est achevée, chaque député peut émettre, sur le vote final, une déclaration orale qui ne peut excéder une minute, ou une déclaration écrite de 200 mots au maximum, laquelle est reprise dans le compte renduin extenso des séances. Lorsqu'une proposition d'acte législatif ou un rapport sont inscrits à l'ordre du jour du Parlement conformément à l'article 138, les députés peuventdonner des explications de vote par écrit, conformément au paragraphe 1.

Les explications de vote, orales ou écrites, doivent avoir un lien direct avec le texte qui fait l'objet du vote. »

En clair, chaque eurodéputé a la possibilité de déposer une déclaration écrite courte à propos des votes, expliquant sa position, et qui sera inscrite au procès-verbal de séance. Et les données du Parlement européen ne distinguent pas entre intervention orale et écrite.

La technique est donc simple : pour donner l’impression d’une activité soutenue, il suffit d’envoyer (ou de faire envoyer par son équipe) suffisamment de mails d’explication de vote. Dans son dernier rapport sur l’activité des eurodéputés français, la fondation Robert Schuman expliquait d’ailleurs le mécanisme :

« Certaines astuces permettent "d'améliorer" ses statistiques de présence. On notera que les explications de vote sont reprises en tant qu'intervention par le Parlement alors que dans de nombreux cas il s'agit d'un courrier électronique justifiant une position sans aucune prise de parole réelle en plénière…  »

5. Sur 400 « explications de vote » de M. Mélenchon, 399 étaient écrites

Nous avons vérifié le cas de M. Mélenchon. Nous avons extrait, directement depuis le site du Parlement européen, les 400 interventions effectuées par M. Mélenchon entre le 20 novembre 2013 et aujourd’hui (soit l'intervalle maximum possible techniquement). Ces 400 interventions représentent donc plus d'un tiers du total de ses interventions en séance depuis le début de son mandat. 

>> Voir nos données ici 

Lorsque celles-ci sont en réalité un texte déposé en fin de séance, le compte rendu mentionne « intervention écrite ». 

Or, sur ces 400 interventions « en séance », M. Mélenchon en a effectué une seule à l’oral. Les 399 autres sont des questions écrites. En clair, il n’est jamais intervenu en séance autrement que via une explication écrite.

Prenons un exemple : la dernière session plénière du Parlement avait lieu les 2 et 3 avril. M. Mélenchon est marqué présent les deux jours. Il ne dit rien durant les séances, mais vote sur tous les textes présentés.

Pour ces deux jours, il a déposé pas moins de 84 explications de vote, toutes étaient formulées par écrit et non à l’oral, et toutes datées du 3 et non du 2.

Regardons maintenant le compte-rendu de la séance du 3 avril. Il fait 420 pages, mais seules les 50 premières sont consacrées à la séance elle-même. Tout le reste, ce sont les explications de vote par écrit des eurodéputés. Dont les 84 de M. Mélenchon.

Les explications de vote de l'eurodéputé ne sont cependant pas confinées à un compte-rendu de séance quelque peu confidentiel : il les publie également sur son blog européen, à la rubrique « analyse des textes votés en sesssion », un geste apprécié de ses partisans

 

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