Les Français sont loin d’imaginer que ces élections ne constituent qu’un rouage d’une machinerie en vue de parfaire la gouvernance mondiale
>>> Lors des élections municipales des 23 et 30 mars 2014, les Français sont appelés à renouveler les conseils municipaux de plus 36.000 communes. Cette action, qui concerne la population dans sa vie de tous les jours, va bien plus loin qu’un simple changement de personnel, peu importe l’étiquette politique.
En effet, les conseils municipaux ne sont qu’une strate de toute une organisation allant du local au global. L’ensemble doit être vu comme l’imbrication d’une série de poupées russes. Dans les tentatives d’instauration d’une gouvernance mondiale reposant sur une volonté de gestion planétaire à tous les degrés, il est nécessaire de relever l’ensemble des instituts et acteurs agissant en faveur de la démocratie locale.
Dans le cas français, l’institut assistant et conseillant les collectivités locales et les communes s’appelle « l’Association française du conseil des communes et régions d’Europe » (l’AFCCRE). Créée en 1951, elle regroupe environ 1.500 collectivités territoriales et traite de sujets divers comme l’environnement, la cohésion sociale et les financements pour des projets transnationaux. De nombreux présidents se sont succédé comme Gaston Defferre – d’où son rôle éminemment important dans les lois de décentralisation de 1982 sous l’égide de François Mitterrand –, Jacques Chaban-Delmas, Michel Barnier – désormais commissaire européen – ou encore Alain Juppé, son dirigeant actuel.
Dans cette affaire, l’AFCCRE n’est qu’une branche nationale. Ses équivalents allemand (le RGRE), italien (l’AICCRE) ou espagnol (le FEMP) œuvrent dans la même voie. Pour une meilleure coordination des différentes branches nationales, celles-ci sont regroupées au niveau européen au sein du « Conseil des communes et régions d’Europe » (le CCRE).
Fondé lui aussi en 1951, le CCRE coordonne l’ensemble de ses branches nationales, sous la présidence actuelle du maire de Stuttgart Wolfgang Schuster, afin de promouvoir l’autonomie locale (cohésion économique et territoriale, environnement, etc). L’ensemble s’appuie sur un document phare élaboré dans le cadre du Conseil de l’Europe, la Charte européenne de l’autonomie locale, qui a été ratifiée par la France le 17 janvier 2007.
Cette charte se référant au texte, de 1980, d’un rapporteur allemand au nom bien français, Alfons Galette, intitulé « Les institutions régionales en Europe » [PDF], s’inspire du modèle de gestion des collectivités locales en Allemagne grâce à l’article 28 de sa Loi fondamentale. L’action de cet institut a pris un tour plus vif au cours de la décennie 1990. Dirigé à cette époque par Valéry Giscard d’Estaing, son vice-président allemand Heinrich Hoffschulte s’est lancé, dans le cadre de l’ONU, dans l’élaboration d’une charte mondiale de l’autonomie locale s’inspirant de sa « petite » sœur, la charte européenne. En effet, la gestion des collectivités locales au niveau mondial doit, là aussi, obéir à un plan ordonné.
C’est tout l’enjeu de l’institut planétaire « Cités et gouvernements locaux unis » (CGLU).
lire : http://www.uclg.org/fr/organisation/presidence
Fondé en 2004 à Paris, le CGLU est présidé, dès le début, par Bertrand Delanoë. Il est le résultat de la convergence de trois instituts planétaires ayant conjugué leurs efforts afin d’améliorer la gouvernance mondiale de la démocratie locale : « l’Union internationale des autorités locales », créée en 1913 (date qui révèle les ambitions anciennes de l’oligarchie), « la Fédération mondiale des cités unies », fondée en 1957 et « Metropolis », né en 1984. Ainsi, le CGLU planifie à l’échelle planétaire la gestion des villes et des collectivités territoriales. Les sujets traités sont variés : culture, égalité des genres, mobilité urbaine, planification urbaine, etc. Dans cette gestion mondiale du local, le monde est divisé en sept sections continentales. Le CCRE (la branche européenne) côtoie six autres sections régionales (l’Amérique du Nord, Asie-Pacifique, Eurasie, Afrique, Amérique latine et le bloc Proche-Orient/Asie occidentale). Dirigé en 2014 par le maire d’Istanbul, Kadir Topbaş, nous retrouvons en particulier dans l’équipe dirigeante cosmopolite Alain Juppé ou Anne Hidalgo.
Les Français sont loin d’imaginer que ces élections municipales ne constituent qu’un rouage d’une immense machinerie en vue de parfaire la gouvernance mondiale.