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david MIEGE
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5 mai 2012 00:07

Produire-francais-dette-Contrepoints-Rene-Le-Honzec-tous-.jpgEntre trois mois de récession consécutifs, un chômage record et une dégradation de deux crans de sa note souveraine par Standard & Poor's, l'Espagne est dans une situation de plus en plus inquiétante...

 

La situation en Espagne reste difficile. Elle a plongé dans la récession, avec trois mois consécutifs de baisse du PIB (0,3%). Sa note souveraine a été dégradée de deux crans par Standard & Poor's (de A à BBB+), avec perspective négative. L'agence de notation juge que la récession et la probabilité d'une recapitalisation publique du secteur bancaire ne permettront pas d'assainir les finances publiques aussi vite que prévu, comme le souligne Les Echos.

Et selon les derniers chiffres sortis, un quart de la population est sans emploi, soit 5,6 millions de personnes. Selon le gouvernement ibérique, la crise aurait "pris des proportions énormes", avec 367 000 Espagnols ont perdu leur travail durant le premier trimestre 2012.

Ainsi, l’Espagne pourrait devenir la nouvelle Grèce. Certains aspects de la crise espagnole se révèlent même pires qu’à Athènes. Par exemple, comme le note Marshall Auerback, analyste financier, dans une tribune pour Business Insider, la dette privée de Madrid est deux fois plus importante que celle de la nation hellénique. Et, selon lui, le programme d’austérité du pays risque de le mener au désastre.

Au vu des chiffres du chômage, à quel repli du PIB devra s’attendre le pays pour cette année ? Selon Marshall Auerback, une baisse de 4% serait une estimation réaliste. Mais il remarque que personne n’a l’air, à Bruxelles, de se soucier de cette éventualité.

De plus, ceux qui adoptent, en Europe, des plans d’austérité drastiques risquent de voir leur croissance s’effondrer et la crise s’intensifier. Des exemples commencent à voir le jour, comme aux Pays-Bas, en Allemagne et en Italie, où la consommation des ménages connaît des ratés. Et ces symptômes ne présagent, selon l’analyste, pas seulement la chute de l’euro, mais l’effondrement de l’Europe politique toute entière.

Warren Mosler souligne que, sans un support massif de la Banque centrale européenne, les Etats du Vieux continent sont pris au piège d’une chaîne de Ponzi : comme Bernard Madoff, ils ne font que rembourser leurs anciennes créances en en contractant de nouvelles. La crise de 2008 a joué le rôle de révélateur, et l’Espagne est loin de faire exception.

La spirale de l’austérité qui touche tous les pays européens, dont l’Espagne (au même titre que la Grèce, le Portugal, l’Italie ou l’Irlande), risque de les entraîner dans un cercle vicieux contre la croissance, et donc de perte de recettes de de hausse du chômage.

 

3 questions à... Pascal De Lima

Atlantico: Le chômage en Espagne semble atteindre des proportions égales à celles de la Grèce. Cette dégradation du marché de l'emploi espagnol est-elle imputable aux plans d'austérité ? L' Espagne est-elle vraiment aujourd'hui dans la même situation que la Grèce ? 

Pascal de Lima: Il y a des raisons directement liées à l’austérité puis des raisons structurelles propres à l’économie espagnole.

Comme partout ailleurs, l’économie espagnole est rattrapée par la rigueur et par la nécessité d’assainir les comptes publics dégradés par l’explosion de la bulle immobilière. Ces mesures ont pénalisé la consommation et la hausse des impôts sur le revenu a diminué les prestations sociales ce qui a ponctionné une partie du revenu net des ménages.

De plus les principaux partenaires de l’Espagne sont en récession. Mais ces raisons ne suffisent pas à elles-seules, puisque si l’on regarde le montant prévisionnel pour 2012 de déficit rapporté au PIB et d’’endettement public rapporté au PIB nous avons pour l’Espagne ((-5,7/75,3) contre (-3,2/89,9) pour la zone euro dans son ensemble. Certes l’Espagne a des efforts à faire en matière d’assainissement des finances publiques des « autonomias » mais au global finalement la situation est meilleure que celle de France pour la question du déficit et guère bien différente pour celle de l’endettement (-4,4/88,6 pour la France). Si problème réel conjoncturel il y a, il vient des perspectives économiques qui non seulement sont récessives et très mauvaises, mais en plus touchent l’emploi.

Ceci est très créateur de désespoir parce que l’on avait cru enfin, qu’on était sorti définitivement des 20% de chômage qui faisaient sa réputation pendant de nombreuses années. Là, en l’espace de 5 ans n est passé de 10 à 24%. Ceci est extrêmement lourd à accepter et intenable socialement.

La dégradation du marché de l’emploi tient aussi à des raisons structurelles : la chute brutale de l’activité de construction et des activités connexes dans une économie assez mono-sectorielle. Les rigidités du marché du travail auxquelles tente actuellement de remédier le gouvernement et la dichotomie du marché du travail espagnol entre un CDI hyper protégé et les contrats temporaires ont constitué un puissant frein à l’embauche en période difficile.

 

Comment les marchés réagissent à la situation actuelle ? Les taux auxquels s'endettent le gouvernement espagnol ne constituent-ils pas un handicap pour atteindre l'équilibre budgétaire ?

L'Espagne est repassée au dessus de l’Italie en terme de rendement des titres d’Etat à 10 ans depuis mars, alors qu'elle était toujours en dessous de l’Italie depuis décembre 2011. En outre il faut savoir que le budget espagnol repose sur l’hypothèse d’une récession limitée à 1,7% en 2012. Ceci implique qu’une réduction de 3 points de PIB (30milliards) du déficit public requiert 5 points de plus de PIB de mesures d’austérité (50 milliards). Avec une hausse des taux à 10 ans déjà bien supérieur au taux de croissance on complique encore tout puisque le financement du déficit passera par une hausse de l’endettement continue.   

Entre une politique de relance susceptible d'approfondir le déficit budgétaire et une politique d'austérité qui plonge le pays dans la récession, quelles sont les marges de manœuvre du gouvernement ? Quelle doit être la priorité ?

De façon globale l’économie espagnole est une économie axée sur la demande. Ce système a échoué donc il faut se réorienter vers l’offre et la compétitivité des entreprises. D’abord, l'assainissement du secteur bancaire avant que le Portugal, principal emprunteur, ne fasse défaut.  Ensuite, la création - en l’absence de réelles marges de manœuvre de la politique publique - d'un choc d’offre pour faire baisser les prix et augmenter la production des entreprises. Pour cela deux canaux : augmenter les taux de marge des entreprises, la production et les salaires en même temps. Puis enfin, pour limiter les risques inflationnistes sans faire augmenter le chômage, la restriction de la négociation salariale avec les syndicats, et une remise à plat du code du travail pour lui apporter plus de flexibilité.

Enfin, les politiques monétaires de la BCE doivent aider la situation espagnole, par le biais d'une politique monétaire certes laxiste, mais non annoncée pour éviter que les anticipations inflationnistes ne dérapent en une spirale infernale. Enfin priorité à l'éducation, la recherche et développement, la réforme globale des institutions et le progrès technique.

En résumé, il faut sortir des logiques de croissance ou de récession interne au pacte d’austérité européen, pour raisonner en terme de croissance externe, c'est-à-dire propre aux leviers de la croissance économique d’une économie (de réformes). Ainsi, si l’austérité appelle récession, la croissance externe, elle, en revanche amènera un bol d’air nécessaire à la fois pour les comptes publics et les ménages d’où le pacte européen de croissance.

 

source : ATLANTICO

 

      mots clefs : espagne, crise économique, équilibre budgétaire


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CITOYENS ET FRANCAIS - dans Economie