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david MIEGE
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28 avril 2013 02:31

hollande

Quand on a fait le choix de l’orthodoxie financière, quand on a pour horizon l’amaigrissement de l’État-providence, pour levier la hausse des prélèvements, pour boussole les critères du FMI, pour maître à dépenser M. Mario Draghi, pour mentor M. Barroso, pour modèle Mme Merkel, quand on parraine au vif mécontentement de la CGT et pour la plus grande satisfaction du patronat la négociation d’un pacte de flexisécurité, quand on poursuit et qu’on accentue la politique de rigueur ébauchée par la droite, est-on encore de gauche ?

À la charnière de 2012 et de 2013, et devant la difficulté grandissante qu’ils avaient à discerner ce qui distinguait l’austérité version Hollande de la rigueur version Sarkozy, ceux des socialistes qui sont encore socialistes et plus encore leurs alliés écologistes, communistes et mélenchonistes se demandaient chaque jour davantage pourquoi ils devraient soutenir le gouvernement de Jean-Marc Ayrault.

Symétriquement, nombre de parlementaires UMP ne voyaient plus très bien pourquoi ils devraient refuser au successeur ce qu’ils accordaient à son prédécesseur. La ligne de partage entre la majorité et l’opposition, autant dire entre les ténèbres et la lumière, se faisait de plus en plus indécise.

C’est alors que François Hollande, Corrézien d’adoption comme Jacques Chirac, se souvint des leçons de leur commun père spirituel, le vénéré Henri Queuille. Au bon vieux temps de la IIIe, lorsque les radicaux-socialistes, roses au-dehors, blancs à l’intérieur, et grands maîtres du jeu, constataient un tiédissement de l’ardeur du camp républicain, lorsque des fissures apparaissaient et risquaient de se faire lézardes entre le centre gauche et la gauche, rien de tel, pour faire repartir l’attelage, que de susciter un débat sur l’école libre et de ressusciter ipso facto l’union et l’alliance de toutes les gauches contre toutes les droites.

Les vieilles ficelles d’hier ayant fait leur temps, il fallait en trouver de nouvelles, et c’est ainsi que le président rassembleur a tout d’un coup mis à l’ordre du jour un projet de loi qui ne répondait à aucune urgence, qui n’était la revendication que de la minorité d’une minorité, mais qui avait l’immense intérêt, outre qu’il ne coûtait pas un sou, de recréer le clivage traditionnel sur lequel reposent notre système politique et cette alternance qui fait tour à tour le bonheur de nos deux grands partis de gouvernement.

Il faut avouer que le piège a fonctionné à merveille. Le chiffon rose agité devant la classe politique a produit le même effet que la muleta sur le taureau. Il a ressoudé instantanément la gauche morcelée et les droites divisées, il leur a fait voir rouge. D’un côté les réactionnaires, de l’autre les progressistes, dans un camp les conservateurs, dans l’autre les modernistes. Laïques contre cathos, belles âmes contre vieux croûtons, cinq mois durant, le débat sur le mariage gay a permis au gouvernement d’occulter la hausse du chômage, la dégradation de notre économie, l’alourdissement de la dette, l’impasse de l’austérité, l’entrée dans la récession, bref sa faillite.

Cinq mois ont passé, cinq mois de répit pour le chef de l’État le plus impopulaire de la Ve République, cinq mois perdus pour la France, cinq mois pendant lesquels l’essentiel a été perdu de vue. L’habileté tactique de François Hollande a payé, à court terme. La loi Taubira est en train de passer, et je ne parierais pas sur son abrogation future. Pour autant, cette victoire est une victoire à la Pyrrhus : non seulement les problèmes momentanément passés au second plan vont ressurgir avec une force accrue, mais la bataille du mariage pour tous, si elle a provisoirement réunifié une gauche au bord de la cassure, a fait aussi sauter les digues jusqu’alors étanches qui séparaient la droite « républicaine » de la droite« nationale ».

Où il apparaît que les plus habiles magiciens peuvent se conduire en apprentis-sorciers. Au fait, quel nouveau lapin le prestidigitateur de l’Élysée va-t-il nous sortir de son chapeau ?

Dominique Jamet, le 23 avril 2013

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CITOYENS ET FRANCAIS - dans Politique