On nous le répète à l’envi,« Quand le bâtiment va, tout va ».
Et il ne va pas bien.
Le reste non plus et vice versa. En un an, les mises en chantier ont chuté de 10,7 % et 25.000 emplois ont été détruits dans le secteur du bâtiment. Une dégringolade qu’on évalue à 0,4 point de PIB. Les ventes sont à l’arrêt, les locations sans locataires.
Dans le même temps, l’État dépense annuellement 42 milliards d’euros pour une« politique du logement » totalement inefficace : rien qu’à Paris, on recense plus de 150.000 demandes de logement social en attente, certaines depuis plus de dix ans.
Dernières responsables en date de cette déconfiture, l’ineffable Cécile Duflot et sa loi ALUR votée, faut-il le rappeler, le 20 février de cette année. Une loi élaborée dans le seul but, fort louable, de « protéger le locataire » – figure christique à l’instar de l’immigré – contre les basses manœuvres des odieux propriétaires. Propriétaires que cette gauche ringarde voit évidemment tous comme des marchands de sommeil sans scrupules, de même qu’elle voit dans tout patron un salopard du CAC 40 à stock-options et salaire à 7 chiffres.
La loi de Mme Duflot vient d’être rebaptisée loi Pinel pour mieux la faire oublier, et le Premier ministre Manuel Valls, affolé par l’ampleur du désastre, a annoncé vendredi dernier son « détricotage ». La loi ALUR, ses loyers qu’elle voudrait encadrer et ses tonnes de paperasse est certes un (gros) boulet de plus à l’entreprise, mais ce n’est pas le seul. Le vrai problème du logement en France est celui d’une fiscalité assassine propre à décourager tout investissement dans le secteur.
L’affreux propriétaire qu’il convient de terrasser est, la plupart du temps, Monsieur et Madame Tout-le-Monde, un ménage qui a économisé euro après euro pour s’offrir un bien dont il espère qu’il pourra arrondir une maigre retraite. En attendant, il n’a pas le droit de le louer à sa famille.
Pourquoi ? Mystère.
Si tout va bien – comprenez : s’il trouve un locataire qui paie régulièrement son loyer –, il peut espérer, après impôt, une rentabilité à peu près équivalente à celle du Livret A : 1 %.
Si ce n’est pas le cas, alors commence la galère : impayés, procès, expulsion pratiquement impossible, charges qui continuent de courir, et quand on arrive enfin à se débarrasser de l’indélicat (en moyenne deux à trois ans de procédures), il faut en général refaire l’appartement à neuf.
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Alors il paie. Bien obligé. J’en connais qui ont ainsi vu leur impôt exploser de 10.000 euros cette rentrée. Doivent emprunter pour payer. D’autres qui empruntent chaque année car les prix montent, mais comme ils ne vendent pas, ils s’appauvrissent chaque fois un peu plus. D’autant que la taxe sur les plus-values de cession est de 34 % (+ 6 % cette année). À préciser aussi que l’ISF, créé en 1989, s’ajoute à tous les autres impôts sur le patrimoine : droits de mutation exorbitants, taxes foncières, etc.
Bref, sachant cela, qui peut être encore assez fou pour vouloir investir dans l’immobilier ? À l’heure qu’il est, plus personne. Les gens préfèrent garnir leur assurance-vie, et s’ils ont un bien, surtout ne pas le louer. Conclusion : un plan de relance des logements n’ira pas sans la suppression de l’ISF. Mais personne n’ose le dire ! Chut ! C’est le tabou suprême, bien pire que celui des 35 heures.
source : http://www.bvoltaire.fr/mariedelarue/batiment-va-va-ca-va-du,102301?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=5a346f3a84-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-5a346f3a84-30494613&mc_cid=5a346f3a84&mc_eid=3bbbfa4636