Le successeur de Pauline Marois, Philippe Couillard, s’est battu comme un beau diable avec les communautés musulmanes pour faire capoter la charte des valeurs. Son absence de scrupules face au fondamentalisme ne date pas d'hier.
Désolation dans les rangs du Parti québécois : les élections du 7 avril dernier se sont soldées par une défaite majeure de la formation de Pauline Marois, fer de lance de la « Charte des valeurs »(1). Les féministes qui s’étaient engagées sans compter en faveur de cette charte n’ont pas été élues.
Le Parti libéral du Québec l’a emporté avec 70 députés, alors que le Parti québécois de Pauline Marois obtient 30 sièges (54 auparavant), suivi de la Coalition Avenir Québec, 22 sièges.
Philippe Couillard, 56 ans, est donc le nouveau premier ministre. Il a livré un combat féroce contre la charte, mobilisant les musulmans pour un «Québec sans discrimination». Il a exclu la députée Fatima Houda-Pépin de son parti, parce qu’elle avait recommandé une version light de la charte, à savoir l’interdiction de porter des signes religieux seulement pour les policiers et les juges.
Le Parti de Couillard a même sollicité le soutien des membres du comité exécutif du Forum musulman canadien (FMC), un organisme rattaché à la Ligue islamique mondiale. Celle-ci, basée à la Mecque, vise -et réussi au-delà de toute espérance- à diffuser l’islam littéraliste et intolérant sur la planète. Les accusations d’islamophobie et celles de laïcité affublée de noms dépréciateurs ont plu sur les adversaires de l’intégrisme.
Les musulmans se préparent un avenir radieux
De nombreuses mosquées musulmanes présentées comme modérées avaient été démasquées par le remarquable site Poste de Veille. Elles sont liées, selon les cas, aux Frères musulmans, à l’Iran, à l’Arabie saoudite, à des mouvements terroristes comme le Hezbollah.
Les organisations musulmanes sont évidemment aux anges après ces élections: "Nous nous félicitons de la possibilité de dialoguer avec M. Couillard et d’aborder des questions cruciales pour la communauté musulmane, à savoir l'emploi, la lutte contre la pauvreté, l'effritement des infrastructures, l'éducation et la lutte contre la xénophobie sous toutes ses formes, y compris l'islamophobie", écrit Ihsan Gardee, directeur exécutif du Conseil national des musulmans canadiens (CNCM) dans un communiqué. Shaheen Ashraf, secrétaire du Conseil canadien des femmes musulmanes à Montréal, fait plus fort sur les ondes de Radio-Canada: "Je suis très enthousiaste. Je sais à présent que la démocratie fonctionne. Les gens ont parlé, choisi, voté et je suis vraiment heureuse que les Québécois ne soient pas racistes."
Le nouveau Premier ministre, médecin, a travaillé en Arabie Saoudite entre 1992 et 1996 au service de l’entreprise pétrolière Aramco. «Le 24 juin 2010, indique Poste de Veille, le Docteur Couillard a été nommé membre du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité (CSARS), chargé, en outre, de superviser les espions canadiens. Il a été nommé au CSARS peu après que son ami Arthur Porter en ait assumé la présidence, et ce, alors même qu'il était en train d'amasser une fortune à travailler au service du régime de l'Arabie saoudite.»
Lueur d'espoir
Le CSAR signale dans un communiqué de fin 2011, que «depuis 2009, le Dr Couillard est également membre du conseil consultatif international mis sur pied par le ministre de la santé d’Arabie Saoudite.» Le nouveau premier ministre a gardé des contacts personnels avec des membres de la famille royale saoudienne, tel le Prince Bandar Bin Sultan.
Au vu de cette conjoncture, la Charte des valeurs a toutes les chances de représenter une nouvelle défaite pour les adversaires de la pression religieuse dans les institutions séculières.
Lueur d’espoir cependant, le gouvernement canadien songerait (enfin) à placer les Frères musulmans sur la liste des groupes terroristes. Quant aux Britanniques, ils ont lancé une enquête sur ce mouvement. Les Frères musulmans se sont alors empressés de déplacer leur QG de la Grande-Bretagne à l’Autriche.
* Cette Charte affirme, entre autres, les valeurs de laïcité et de neutralité religieuse de l’État ainsi et assure l’égalité entre hommes et femmes. Elle limite les demandes d’accommodement qui font la notoriété e du Canada. Elle interdit le port des signes religieux ostentatoires dans la fonction publique, parapublique et pour toute entreprise qui ferait affaire avec l’État, dont les hôpitaux, écoles publiques et garderies.