« No woman, nuh cry » qui, en créole jamaïcain, signifie « Femme, ne pleure pas » – et non, comme nombre de francophones le pensent, « Pas de femme, pas de larmes » 1 – pourrait être le « tube » de l’été de toutes ces touristes souhaitant visiter le mont Athos en Grèce. « Femme, ne pleure pas… » même si l’accès à la « République monastique autonome » de la « Montagne sacrée » (mont Athos) vous demeure strictement interdite, et ce, depuis la fondation du premier monastère par un moine byzantin en l’an 963.
Selon la légende, les moines de l’époque se plaignaient de l’intrusion des troupeaux – pas encore de touristes – et de leurs tentatrices bergères venues rôder autour de leurs cellules. Une règle intangible y fut établie qu’aucune résolution du Parlement européen n’arrivera à abolir, la Grèce ayant obtenu, lors son adhésion à la Communauté européenne, que la République autonome du mont Athos conserverait ce privilège que lui reconnaît la Constitution hellénique.
Les irréductibles moines de la « Montagne sacrée » ne comptent pas davantage obtempérer aux injonctions du Conseil œcuménique des Églises les invitant, encore récemment, à supprimer cette mesure discriminatoire. « Le Conseil œcuménique est une institution respectable, lui fut-il poliment répondu, mais la Montagne sacrée appartient aux moines et personne ne peut y entrer sans leur permission et encore moins changer les règles ».
Des règles on ne peut plus explicites depuis la nuit des temps : l’accès de « toute créature femelle vertébrée » (à l’exception des poules pour les œufs et des chats pour les rongeurs) y demeurera donc proscrit pour protéger la vertu des quelque 2.000 moines qui vivent dans la vingtaine de monastères de la péninsule. Les Grecs ne s’en offusquent pas même si, au mont Athos, on vit dans un autre monde, à l’heure solaire, où le jour suivant ne commence pas à minuit mais avec le coucher du soleil.
Et en ces temps de crise, le nombre de pèlerins annuels – autour de 30.000 – ne cesse de croître. Même le leader de la gauche radicale, Aléxis Tsípras, y est venu faire allégeance la semaine dernière. Une visite de deux jours, dans l’espoir d’un miracle, en vue de nouvelles élections législatives qu’il réclame pour l’automne « Beaucoup de gens disent que si l’on n’a pas visité le mont Athos, on se fait injustice à soi-même. Et comme nous ne voudrions pas nous faire plus longtemps du tort, nous sommes venus au mont Athos… ». Vous imaginez Mélenchon ou Besancenot à Lourdes pour le 15 août prochain ?
- Dawes, Kwame. Bob Marley: Lyrical Genius. London: Sanctuary, 2002 (ISBN 1-86074-433-8), p. 119.↩
SOURCE : Boulevard Voltaire