Après Colbert devant l’Assemblée nationale, Schoelcher en Martinique, La Bourdonnais à La Réunion, Faidherbe à Lille, Gallieni à Paris, Napoléon à Rouen ou à La Roche-sur-Yon, nombreuses sont les statues dans le viseur de ceux qui veulent déboulonner notre Histoire, invoquant la laïcité ou le colonialisme. Cette fois, c’est aux Sables-d’Olonne, en Vendée, que nous emmène la frénésie de ces déconstructeurs, ennemis du passé.
Ce 18 novembre se tenait, devant le tribunal administratif de Nantes, l’audience dans l’affaire opposant la Libre Pensée de Vendée à la ville des Sables-d’Olonne. Dans le cadre du réaménagement d’une école privée, une statue de saint Michel doit être déplacée. Le conseil municipal de l’époque décide d’une nouvelle implantation. Ce sera sur le parvis de l’église Saint-Michel, devant l’auditorium Saint-Michel, au cœur du quartier… Saint-Michel.
En 2018, la pose de la statue est inaugurée et donne lieu à une cérémonie en présence d’anciens parachutistes rendant hommage à un ancien capitaine décédé peu de temps avant et honorant, à cette occasion, saint Michel, leur saint patron.
Dans cette histoire où chacun ne saurait voir qu’un condensé de belle unité locale et française, d’heureuse transmission de patrimoine et de mémoire, quelques esprits chagrins ont vu une atteinte à la loi de 1905 qui interdit l’implantation de tout symbole religieux dans l’espace public.
Des arguments en défense ont été invoqués, plaidant un projet dénué d’arrière-pensées prosélytes : l’aspect de la statue, plus allégorique qu’hagiographique ; l’évidence d’une implantation dans un quartier éponyme ; sa présence sur le parvis de l’église, assimilable à ces abords d’édifices autorisés par la loi…
Le verdict est attendu dans un mois. Si la Libre Pensée obtenait gain de cause, cela entraînerait l’annulation de la décision municipale et l’obligation de déboulonner la statue, en maintenant cependant le socle, généreuse concession de nos révolutionnaires des temps modernes.
Car nos libres penseurs ne sont pas à un paradoxe près. De liberté, ils n’ont pas, engoncés dans l’étroitesse des textes, décrets, règlements et préambules qu’ils ont rabâchés à leur pauvres élèves quand ils étaient encore profs de gauche. De pensée, ils n’ont pas plus : ne voyant pas qu’abattant nos racines, nos images, nos ciments, ils détruisent la liberté qu’ils disent défendre, installent l’idéologie qu’ils disent combattre, préparent les systèmes qu’ils feignent de dénoncer, fidèles héritiers des colonnes infernales qui, sur ces terres, voulaient faire table rase du passé.
Bien triste époque qui demande à saint Michel de replier ses ailes, aux statues de disparaître, à la Vendée de ne plus avoir de cœur…
Comme elle est loin, l’époque où, à quelques encablures de là, on donnait au point culminant de Vendée, alliant les époques et les croyances, le beau nom de Saint-Michel-Mont-Mercure !
Les époques ont les héros qu’elles méritent. Il y a celles qui sont dignes d’un chef de milices célestes, protecteur des petits, et celles dont le héros ressemblerait plutôt à un enseignant qui n’aime pas son Histoire. On ne peut choisir son époque, mais on peut choisir ses héros.