«Fumer l’hôpital nuit gravement à la santé», «La colère des hospitalières ne sera pas confinée», tels sont les slogans qui ornent les murs de l’hôpital Robert-Debré à Paris. Ce jeudi 14 mai, le personnel soignant a manifesté afin de dénoncer le manque de moyens. Une revendication loin d’être nouvelle.
«On nous a dit que ça va changer, rien n’a changé. On nous parle de partenariat public/privé, on nous parle de charité, mais on ne nous parle pas d’ouverture de lits, pas d’embauche de personnel, pas de revalorisation salariale», déplore Cherine Benzouid, cardiologue à l’hôpital Robert-Debré, au micro de Sputnik.
#SputnikPhotos | Le personnel soignant manifeste à l’hôpital Robert-Debré à Paris
— Sputnik France (@sputnik_fr) May 14, 2020
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Une déception d’autant plus grande pour la cardiologue qu’Emmanuel Macron l’avait dit: «Le jour d’après ne ressemblera pas au jour d’avant.» Sur le terrain, «il n’y a rien, au contraire, on a l’impression que c’est en train d’empirer», fustige Cherine Benzouid.
Des promesses d’investissement
Pourtant, lors de son déplacement à l’hôpital militaire de Mulhouse, en mars dernier, Emmanuel Macron avait annoncé qu’«un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières sera construit pour notre hôpital», sans détailler les modalités ni les montants alloués. Selon le chef de l’État, «cette réponse sera profonde et dans la durée», garantissant notamment de «majorer les heures supplémentaires effectuées sous la forme d’une prime exceptionnelle». Durant cette visite, il a rendu hommage au «courage exceptionnel» des soignants et expliqué que «la nation tout entière est derrière, reconnaissante».
Pour exprimer cette gratitude, Emmanuel Macron souhaite d’ailleurs que la fête nationale du 14-juillet soit «une occasion supplémentaire de manifester l'hommage et la reconnaissance de la nation à tous ceux qui se sont engagés dans la lutte contre le Covid-19».
Conditions de travail déplorables
En outre, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a déclaré, mercredi 13 mai, qu’une «médaille de l’engagement face aux épidémies» serait remise à certains personnels. Un geste symbolique qui amuse beaucoup Cherine Benzouid.
«Comme d'habitude, on profite de la crise pour faire passer plein de choses»: Cherine Benzouid, cardiologue pédiatre, exprime son indignation au micro de Sputnik lors de l'action du personnel de l’hôpital Robert-Debré pic.twitter.com/YJLmCxMNzS
— Sputnik France (@sputnik_fr) May 14, 2020«C’est toujours la même chose, il faut arrêter. On a besoin de moyens, pas de médaille, on n’est pas des héros. On est juste des travailleurs du service public hospitalier. On veut des moyens humains, voire des moyens techniques.»Et de poursuivre:
«On parle de donner une prime, des chèques cadeaux, mais c’est du bricolage, ça n’a pas de sens, ce n’est pas ce que nous demandons […] Le salaire de l’infirmière française est presque à la dernière place des pays de l’OCDE.»Un constat amer partagé par un manifestant. «La crise a été gérée parce qu’il y a des personnels soignants qui sont de qualité et qui ont leur travail chevillé au corps. Ce n’est pas les administrateurs, les directeurs et ce n’est pas le gouvernement qui a fait le travail, c’est les soignants. On nous a fait des promesses, qu’on les tienne», demande-t-il.
«On est venu travailler en flux tendu, sans masques, sans blouses, sans matériel. On est allé au feu et en fait, il n’y a aucune gratification. C’est juste des conditions inadmissibles de travail. Derrière, il y a la prise en charge des patients dans les hôpitaux publics et votre santé», conclut-il.source