La démission du Président algérien, dictée par les revendications de l’armée et de la rue, puis le coup d’État au Soudan qui a balayé de la tête du pays Omar el-Béchir. Ces événements ne rappellent-ils pas le début du «printemps arabe» qui a mené au changement du pouvoir en Tunisie, en Égypte, puis en Libye?
Malgré la ressemblance apparente, il s’agit pourtant d’événements qui ont une importance moindre que ceux survenus en 2011, considère Vassili Kouznetsov, président du Centre des études arabes et islamiques auprès de l’Académie des sciences de Russie.
«Le printemps arabe est un processus de très grande envergure qui avait une signification non seulement régionale, mais globale. Ce qui se passe aujourd’hui, ne revêt pas d’importance globale. Ce sont des événements importants pour les pays qui les vivent, soit pour deux pays, car la situation en Libye est l’histoire de l’aggravation d’une crise autochtone», a-t-il déclaré lors d’une table-ronde organisée au siège de Sputnik.
Mais peut-on juger que ces scénarios sont liés? Certes, on ne peut pas nier que les révoltes survenues il y a huit ans sur le continent noir et l’instabilité qui en découle jusqu’à présent ont laissé une certaine empreinte sur les pays voisins, notamment l’Algérie, et qu’il est nécessaire de renforcer la défense et de surveiller les frontières, commente pour sa part Iouri Zinine, du Centre de partenariat des civilisations de l’Institut d'État des relations internationales de Moscou. Mais il souligne que la cause principale des changements intervenus au cours de ces dernières semaines en Algérie et au Soudan est avant tout socio-économique.
«Je pense qu’on ne peut pas dire que les problèmes internes ont été provoqués par des causes externes», résume-t-il à Sputnik.
L’Algérie connaîtra-t-elle le sort du Soudan?
Et il serait d’ailleurs imprudent de voir un parallèle entre la situation au Soudan et celle en Algérie, c’est ce que l’on peut déduire des propos de cet expert. Il souligne que, malgré certaines ressemblances historiques, les scénarios que connaissent ces deux pays africains sont différents.
«Au Soudan, le facteur militaire a été plus fort qu’en Algérie. Certes, le pays s’est libéré et les partisans [combattants pour l’indépendance, ndlr] ont formé une armée régulière. Mais l’armée est pratiquement restée dans les casernes. Elle n’est jamais sortie dans les rues du pays depuis l’indépendance de l’Algérie», constate-t-il.
Quant au Soudan, il rappelle que les milieux militaires ne sont pas restés insensibles à certaines idées religieuses, ce qui n’a jamais été le cas en Algérie où, au contraire, l’armée s’est rangée du côté du pouvoir lors des événements ayant marqué les années 1980-1990.
«L’armée algérienne a strictement rempli ses fonctions […] et a défendu la stabilité», dit-il en attirant l’attention sur le fait qu’il est déplacé de considérer que l’exemple soudanais pourrait être contagieux.
Une autre réalité qu’il juge comme importante est la composition démographique des deux pays: si l’Algérie est homogène du point de vue ethnique, le Soudan rappelle une mosaïque où l’armée tient en main le pouvoir depuis l’indépendance.