La candidate de l’AfD a obtenu dimanche 46, 2 % des voix dans cette commune d’un peu moins de 1 000 habitants, malgré une situation économique positive. C’est le « mal saxon ».
S’il y a bien une chose dont tout le monde est sûr, à Rathmannsdorf, c’est que le résultat record obtenu dans ce village de Saxe par le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) aux législatives du dimanche 24 septembre n’a rien à voir avec la situation socio-économique du village. « Cela ne peut pas être ça », affirme le maire (CDU, chrétien-démocrate) Uwe Thiele, en brandissant le taux de chômage ridicule de l’arrondissement : 5,3 %…(…)
Alors comment expliquer que la candidate de l’AfD ait pu obtenir 46,2 % des voix dans cette commune d’un peu moins de mille habitants située non loin de la République tchèque ? Un des meilleurs scores de toute la Saxe, Land qui a lui-même placé le parti au niveau le plus haut de toute l’Allemagne.
Conformément à la très stricte politique de répartition des demandeurs d’asile allemande, il y a bien des réfugiés à Rathmannsdorf. Mais ils sont moins d’une dizaine. Tous hébergés dans un bâtiment du centre du bourg, ils parlent pour la plupart déjà allemand.
Mais les électeurs de Rathmannsdorf ne semblent pas partager son avis. « Si vous voyiez les messages horribles que je vois sur Facebook », assure le docteur Frenzel, qui regrette encore d’avoir accepté tous ses patients comme ami sur le réseau social. « Les gens d’ici ne sont pas xénophobes, mais ils ne veulent pas de l’islam. Ils ne veulent pas la même ambiance que dans les villes, ils ne veulent pas de société parallèle. Et d’un côté, je les comprends », estime cet électeur du parti libéral FDP, qui s’est également un temps investi pour l’intégration des réfugiés. « Nous avons eu quelques problèmes de deal et de violence avec certains d’entre eux », tient-il à rappeler.
« Une criminalité » qui a joué, « en plus du bruit », estime également le maire, en évoquant chez ses administrés un refus de l’immigration « qui ne vient pas de la même sphère culturelle », à la différence des nombreux Tchèques de la région, qui « eux veulent bien s’intégrer ». L’édile ne se gêne d’ailleurs pas pour critiquer la politique d’immigration d’Angela Merkel. « On a fait des erreurs au niveau national, les électeurs ont simplement voulu nous sanctionner ». S’il a été surpris « par l’ampleur » du score de l’AfD dans les deux bureaux de vote de sa commune, « la tendance était largement perceptible avant », affirme-t-il.
« Pendant trop longtemps, la politique, les médias, les scientifiques ont crié au risque de stigmatisation et empêché une discussion sur le mal saxon », affirme, dans une tribune dans Die Zeit, Michael Lühmann, spécialiste de l’extrême droite en ex-Allemagne de l’Est et lui-même originaire de la région. Mais avec « ce tremblement de terre électoral, les temps ont changé », espère-t-il, en estimant que la CDU qui règne de manière continue sur le Land depuis la chute du mur ne pourra désormais plus fermer les yeux.
via http://www.fdesouche.com/888021-allemagne-succes-de-lafd-na-rien-a-voir-raisons-sociales-on-affirme-maire