A l’occasion de la sortie du dernier numéro de Causeur, consacré aux Jeux olympiques de Paris, Elisabeth Lévy a accordé un long entretien au FigaroVox.
Elle y dénonce la politique d’Hidalgo et la transformation de Paris en «boboland du futur». Elle est interrogée par Alexandre Devecchio, journaliste au Figaro.
Élisabeth Lévy est journaliste et directrice de la rédaction de Causeur. Son dernier numéro est consacré au Jeuxc olympiques de Paris 2022.
Il y a une cohérence entre tout cela, c’est sa vision de la ville, comme un boboland du futur, un Disneyland progressiste. Une réserve pour gens qui pensent bien, veulent «végétaliser la ville» et «accéder à des mobilités douces», avec des logements sociaux pour les pauvres qui les servent et gardent leurs enfants. Un espace de start-up, et de connexions, de loisirs, de tourisme et d’expérimentation : madame Hidalgo veut nous dresser, nous rééduquer.
Cette dame patronnesse du progressisme veut accueillir des migrants et des nudistes dont on imagine à quel point ils feront bon ménage.
Votre dernière une est consacrée aux Jeux olympiques de Paris 2024. Pour une fois qu’un sujet semblait faire consensus …On a l’impression que vous aimez vous opposer pour vous opposer. Par pur goût de la polémique.
La formulation de votre question prouve que nous avons eu raison. Les JO à Paris, cela fait partie des propositions qu’on ne peut pas refuser: vous ne parvenez même pas à envisager que l’on puisse avoir d’excellentes raisons pour ne pas partager l’enthousiasme général – et obligatoire. Et quand vous invoquez le «consensus», pardon cher Alexandre, mais je vous ai connu plus avisé.
Ainsi, la propagande étatique et municipale sur le thème «tous les Français veulent les Jeux» a eu raison de votre capacité de jugement! L’autoréférentialité a pleinement fonctionné: vous aimez ce qu’on vous a dit que vous aimiez. Et, par-dessus le marché, on vous a convaincu que ne pas l’aimer serait une faute morale. Voilà un exemple de manipulation collective parfaitement réussie. […]
Vous en faites des tonnes sur les deniers publics. Je ne vous savais pas si attachée au respect de la règle des 3%. Sans compter que les J.O vont aussi faire marcher le commerce ce dont la France a bien besoin…
On vous a vraiment lavé le cerveau! Avant la compétition, toutes les villes-hôtes produisent de magnifiques documents montrant que les JO ne vont rien coûter et rapporter des milliards.
Bon sang ce que les habitants de Boston, Hambourg et Budapest sont crétins, d’avoir laissé passer un tel pactole! J’avais de surcroît oublié qu’à Paris, nous étions bien meilleurs, question finances, que ces benêts de Tokyoïtes et de Londoniens qui ont enregistré 176 % de déficit par rapport à la prévision affichée sept ans avant les JO. Ah oui, on va inventer les Jeux sobres, la bonne blague. […]
Dites-le, à la fin, que vous n’aimez pas le sport !
Comme le disait Muray, «le sport n’est qu’un des pires mauvais moments à passer parmi d’autres». Cependant, au risque de vous décevoir, j’aime beaucoup en faire (certes à un niveau non olympique) et il peut m’arriver d’en regarder à la télé. J’ai même d’excellents amis supporters!
En revanche, je suis excédée par la religion du sport. Je n’aime pas que l’on idolâtre les sportifs, ni que l’on éclaire la Tour Eiffel pour célébrer l’acquisition par le PSG d’un «joueur à 222 millions d’euros».
Je n’aime pas qu’on exonère de toutes charges fiscales et sociales les organisateurs de grands événements sportifs qui empochent déjà des milliards d’euros de droits de retransmissions.
Le CIO ne paiera pas un sou de charge ou d’impôt à l’Etat français: au nom de quoi le sport aurait-il un privilège par rapport à toutes les autres activités marchandes ? […]
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