Les masques commenceraient-ils à tomber? Après les frappes occidentales en Syrie, menées dans la nuit du13 au 14 avril, la presse anglo-saxonne commence à se poser des questions concernant les preuves qu'Emmanuel Macron clame avoir en sa possession.
Robert Fisk, grand reporter et correspondant de The Independent à Beyrouth depuis plus de 30 ans, s'est rendu dans la clinique où a été tournée la vidéo qui a ému la «communauté internationale» et servi de prétexte aux frappes menées par Londres, Paris et Washington. Dans son enquête, il s'étonne de ce que lui déclare alors dans un «bon anglais» un docteur de 58 ans. Si celui-ci valide l'authenticité de la vidéo tournée par les «terroristes» de Jaich-al-Islam (l'armée de l'Islam) dans sa clinique souterraine, il précise toutefois que:
«Les patients, dit-il, étaient atteints, non pas par du gaz, mais par un manque d'oxygène dans les tunnels et les caves remplis de débris dans lesquels ils vivaient, lors d'une nuit où des bombardements intensifs, associés à de forts vents, avaient soulevé une tempête de poussière et de sable.»
Le médecin en chef raconte la scène au journaliste: alors que des personnes souffrant d'hypoxie commençaient à affluer dans la clinique, un Casque blanc à la porte d'entrée s'est écrié «gaz!», provoquant un mouvement de panique et poussant les gens à s'arroser d'eau les uns les autres. Ainsi, si la vidéo est bien «authentique», celle-ci ne montre pas des victimes d'une attaque chimique, mais de personnes en manque d'oxygène.
Parmi les habitants avec lesquels Robert Fisk et ses deux amis syriens s'entretiennent au milieu des ruines, beaucoup lui disent «qu'ils n'ont jamais cru aux histoires de gaz». Des habitants dont, sur la vingtaine interrogée, pas «un seul ne montrait le moindre intérêt pour le rôle de la Douma dans les frappes occidentales», deux lui répondant même qu'ils n'avaient «pas fait le lien». Des habitants qui «haussent les épaules» lorsqu'on leur parle des 43 victimes de cette attaque chimique, dont «personne à Douma ne semble se souvenir», et qui racontent comment les djihadistes se sont emparés d'habitations afin d'échapper aux bombardements syriens et russes.
De leur côté, les fameux Casques blancs auraient, selon une femme, pris les bus affrétés par les autorités syriennes et russes pour rejoindre la province d'Idlib en compagnie des groupes armés.
Pearson Sharp, un autre journaliste de terrain américain a visiblement vécu une expérience similaire en présence des habitants de Douma et des médecins de la clinique d'où provenait la vidéo tournée par les Casques blancs.
Des observations lors d'enquête de terrain effectuées par des journalistes expérimentés et peu suspects a priori de sympathies prorusses et pro-Bachar, qui viennent quelque peu mettre à mal le «faisceau de preuves» sur lequel reposait l'attribution aux forces gouvernementales syriennes de la responsabilité de l'attaque chimique du 7 avril à la Ghouta.
Jugé «suffisant», ce «faisceau de preuves» reposait, selon les informations obtenues par «la France et ses alliés», sur les «témoignages, photos et vidéos apparus spontanément sur les sites spécialisés, dans la presse et les réseaux sociaux dans les heures et les jours qui ont suivi l'attaque», est-il expliqué dans le document déclassifié justifiant les frappes.
Des éléments dont la crédibilité tiendrait, au-delà de la «spontanéité» de leur mise en ligne, au fait qu'«une partie des entités ayant publié ces informations est reconnue comme habituellement fiable». En somme, une analyse des réseaux sociaux: publications et autres retweets.
Parallèlement, en France, la petite musique officielle continue et tous les membres du gouvernement, du Président, au porte-parole, en passant par le Premier ministre et la ministre des Armées se succèdent devant les Français, le Parlement et la Presse pour scander le succès d'une opération «justifiée» et «proportionnée», afin d'«éviter toute escalade.» «Avec les armes chimiques, c'est la raison et la civilisation qui vacillent durablement», déclarait ainsi, lundi 16 avril, Édouard Philippe devant l'Assemblée nationale.
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Il faut dire qu'avant même ces révélations dans la presse britannique, des voix s'élevaient en France, pour remettre en cause tant les moyens déployés que les objectifs ciblés par la France et ses alliés ainsi que dénoncer une intervention hors du cadre légal international.