Radicalisation : l'influence inquiétante des détenus islamistes en France
ression mentale, intimidation: les islamistes radicaux exercent une inquiétante influence dans les prisons françaises qui va bien au-delà des détenus incarcérés pour des faits à caractère ...
60% de la population pénale a une pratique ostentatoire d'un islam rigoureux. Mais cette pratique touche plus les droits communs que les personnes détenues dans les dossiers terroristes. Cette radicalisation "s'accompagne d'un accroissement de l'hostilité vis-à-vis des surveillants et l'aumônier musulman éprouve des difficultés à aller au contact des plus durs, ce qui affaiblit son autorité". En France, sur 67 000 détenus, 18 000 pratiquent le ramadan. Un rapport révèle les difficultés que posent la radicalisation en prison Radicalisation : l'influence inquiétante des détenus islamistes en France Selon un rapport de la contrôleure des prisons : "Les personnes qui influencent le plus les autres ne sont pas des plus visibles." © AFP MEHDI FEDOUACH P ression mentale, intimidation: les islamistes radicaux exercent une inquiétante influence dans les prisons françaises qui va bien au-delà des détenus incarcérés pour des faits à caractère terroriste, pointe la contrôleure des prisons Adeline Hazan, dans un rapport. Publicité "Quelque 18.000 détenus sur 67.000 pratiquent le ramadan dans les prisons françaises, selon l'administration pénitentiaire. Parmi eux, combien y a-t-il de détenus radicalisés?", interroge le rapport. "Les chiffres en la matière sont difficile à établir", tant la réalité du phénomène est complexe et mouvante, dit-il. Quatre gros plans sur la situation d'établissements pénitentiaires de la région parisienne permettent de deviner l'ampleur du phénomène. A lire : Charles Pasqua voulait "recréer les travaux forcés" pour les détenus islamistes Pression islamiste "Les détenus désireux d'imposer une influence islamiste y parviennent aisément" A la maison d'arrêt de Fresnes (Val-de-Marne), où une expérience de regroupement de détenus islamistes est menée depuis octobre 2014, 22 condamnés dans des dossiers terroristes ont été mis à l'écart dans une unité de prévention du prosélytisme. Cinq sont en cellule individuelle, quatorze en cellules doubles et une cellule est triplée. Ils ont accès à la promenade deux par deux mais sont séparés des autres détenus. Ils participent avec les autres à certaines activités mais sans jamais être plus de trois dans un groupe. Ils peuvent communiquer entre eux et ont accès au parloir sans restriction. Mais "l'incrimination de terrorisme ne suffit pas à identifier tous les islamistes à Fresnes", souligne le rapport. "De sorte qu'une pression islamiste (...) demeure présente dans le reste de la détention sans être traitée, ni même formellement surveillée". La maison d'arrêt du Val d'Oise possède un lieu de culte multiconfessionnel. © PHOTO AFP MEHDI FEDOUACH Ne pas fumer, ne pas écouter de musique "Les personnes qui influencent le plus les autres ne sont pas des plus visibles." "Les détenus désireux d'imposer une influence islamiste y parviennent aisément et font pression sur les détenus modérés en imposant des règles de comportement telles que: ne pas se doucher nu, ne pas fumer, ne pas écouter de la musique", constate le rapport. Au centre pénitencier de Réau (Seine-et-Marne), 60% de la population pénale a une pratique ostentatoire d'un islam rigoureux. Mais cette pratique touche plus les droits communs que les personnes détenues dans les dossiers terroristes. "Les personnes qui influencent le plus les autres ne sont pas des plus visibles. Les prières collectives deviennent discrètes et le prosélytisme passe par le soutien apporté à ceux qui ont des difficultés financières", décrivent les enquêteurs. Pression mentale "Les plus fragiles psychologiquement deviennent les plus dangereux" A la maison d'arrêt de Bois d'Arcy (Yvelines), la présence de détenus radicalisés est constante depuis les années 90 et la pression mentale n'est pas nouvelle, expliquent les rapporteurs. Cette radicalisation "s'accompagne d'un accroissement de l'hostilité vis-à-vis des surveillants et l'aumônier musulman éprouve des difficultés à aller au contact des plus durs, ce qui affaiblit son autorité". L'administration déplace les plus faibles pour les soustraire aux pressions. Certains, ayant perdu ou rejeté tous liens antérieurs, rejoignent en sortant un réseau dont on leur a donné l'adresse en détention. Les plus fragiles psychologiquement deviennent les plus dangereux, souligne le rapport. Distribution de colis du ramadan à Fleury Mérogis. © PHOTO AFP MEHDI FEDOUACH Faire la prière A la maison d'arrêt d'Osny (Val-d'Oise), un quartier réservé aux islamistes de vingt places doit être installé. Les détenus seront seuls en cellule. Douze détenus sont sous mandat de dépôt pour des faits terroristes mais une vingtaine de détenus de droit commun ont également été repérés comme radicalisés. "Ces deux groupes qui se sont rencontrés en prison forment un noyau dur", souligne le directeur. Parmi les pressions exercées, des détenus considérés comme de mauvais musulmans sont "expulsés" par leurs codétenus. Certains sont exaspérés au point de faire leur paquetage pour changer de cellule. Il leur est par exemple reproché de regarder la télévision (les matchs de tennis féminin), de renâcler à se lever à l'aurore pour faire la prière, de ne pas porter de djellaba le soir. Les femmes insultées au parloir Ces pressions s'exercent aussi à l'encontre des familles, notamment des femmes qui se font insulter si elles portent des tenues considérées comme trop occidentalisées et sont priées de revêtir le voile. Certaines se changent sur le parking avant un parloir.