«Il y a un processus de saturation qui est atteint, l’ère des soulèvements n’est pas loin», annonce Michel Maffesoli.
Face aux caméras de Sputnik, le sociologue qualifie la crise sanitaire de «psychopandémie». Un cas typique selon lui d’une «élite au pouvoir» dépassée, d’une «caste médiatico-politique» qui «tente de créer des hallucinations collectives».
Michel Maffesoli qui a plus d’une fois écrit sur l’avènement en cours de la «postmodernité», analyse la crise actuelle du Covid-19, celle des Gilets jaunes ou encore la vague d’émotion suscitée par l’incendie de Notre-Dame comme autant de témoins d’un passage de flambeau.
Une époque meurt, une autre advient, et le temps des révoltes n’est pas loin pour précipiter ce basculement. L’élite au pouvoir, qui «pressent que c’est sa fin» sans en avoir clairement conscience, n’aurait donc plus comme recours que la «stratégie de la peur».
Pour l’auteur de L’Ère des soulèvements (Éd. du Cerf), ce changement d’époque (parenthèse, en grec) est celui de la fin de la modernité, ouverte au XVIIe siècle. Face à un tel virage, les élites actuelles, dépassées, se cramponneraient à leurs «grandes valeurs morales», véritable «trépied de la modernité»: l’individualisme, le rationalisme et le progressisme.
Ce qui est en jeu, pour le sociologue, ce ne sont plus les grands projets de demain, succédanés des grandes idéologies d’hier, mais bien plus l’émotionnel, le passage du «je» au «nous» communautaire. Et Michel Maffesoli de prédire qu’un autre triptyque, sacrifié hier par la modernité, est en reconstitution: le ludique, le festif et l’onirique.