L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.
Plus de 1 000 emplois sont détruits chaque jour en France. Jamais le nombre de chômeurs quittant Pôle emploi parce qu’ils ont retrouvé un travail n’a été aussi bas. Partout le chômage s’étend et frappe particulièrement la jeune génération.
C’est dans ce contexte dramatique qu’Hollande a osé évoquer ses états d’âme : il pourrait ne pas être candidat à l’élection présidentielle de 2017 au cas où le chômage ne baisserait pas d’ici là. La belle affaire ! On ne sait ce qui l’emporte ici, de l’inconscience ou de la provocation.
N’en déplaise au président, les travailleurs, les jeunes et surtout les chômeurs n’ont que faire de ses états d’âme. En revanche, ils sont en droit de s’interroger : Hollande n’est-il pas président ?
N’aurait-il pas le pouvoir, dans les nombreuses entreprises où l’Etat a une participation, de bloquer les plans et garantir l’emploi ? Dans la fonction publique n’aurait-il pas le pouvoir de maintenir les emplois et de créer les dizaines de milliers de postes nécessaires dans les écoles, les hôpitaux, les administrations publiques ? S’agissant des entreprises d’une importance stratégique pour l’économie du pays (sidérurgie, automobile, aéronautique…), n’aurait-il pas le pouvoir de bloquer les plans de licenciements ? Ne serait-ce pas la voie la plus directe pour combattre le chômage ?
Qui s’opposerait à ces mesures ? L’Union européenne ? C’est un fait : au nom de la concurrence libre et non faussée, elle interdit toute intervention de l’Etat dans l’industrie. C’est un fait : l’Union européenne, ses traités, sa Banque centrale, son Parlement imposent la « réduction des déficits publics » et le remboursement de la dette pour apurer les milliers de milliards d’euros donnés pour renflouer les capitalistes. S’opposent aussi à une telle politique les capitalistes eux-mêmes qui dénoncent le « coût du travail » trop élevé en France.
La « stratégie de l’emploi » de François Hollande se résume à ceci : essayer de convaincre les patrons qu’ils seraient avisés d’investir dans notre pays. Lesquels patrons rétorquent à Hollande : pour que nous investissions en France, vous devez réduire le coût du travail, briser la Sécurité sociale de 1945, réduire nos charges, remettre en cause les garanties collectives (conventions et statuts).
Faites-moi confiance, leur répond Hollande : avec mon pacte de responsabilité, je vais contraindre la classe ouvrière à renoncer à nombre de ses droits, permettant une surexploitation sans précédent. Les patrons voudraient y croire… mais ils se méfient d’une classe ouvrière qui n’a jamais accepté de subir sans réagir. Ils voudraient le succès du pacte… mais craignent qu’il ne débouche sur l’explosion sociale. Ont-ils tort ?
Garantir l’emploi, créer l’emploi, c’est répondre à l’aspiration fondamentale de tout jeune, de tout travailleur de pouvoir vivre dignement de son travail.Cela implique de ne pas craindre de remettre en cause le carcan de l’Union européenne, de ses institutions, et de ses traités qui font de la stabilité de l’euro la clé de toute politique. Le premier pas dans cette direction, c’est le rejet du pacte de responsabilité, instrument de destruction des emplois et des droits.
En un mot, cela passe par la rupture avec la classe capitaliste et ses institutions.