Ancien cadre dirigeant d’Alstom, Frédéric Pierucci a passé plus de deux ans dans des prisons de haute sécurité américaines au moment où General Electric rachetait la branche Énergie du groupe français. Dans un entretien fleuve, il éclaire l’actualité de son histoire et explique les raisons qui ont conduit à la récente annonce d’une suppression de 1050 emplois sur le site de General Electric à Belfort.
Frédéric Pierucci est un ancien cadre dirigeant d’Alstom. Sa vie a basculé en avril 2013 lorsqu’il fut arrêté à New York par le FBI, afin que la justice américaine puisse faire pression sur Patrick Kron, le PDG d’Alstom, pour qu’il cède le fleuron français a son concurrent américain General Electric. Il relate cette affaire dans «Le piège américain, l’otage de la plus grande entreprise de déstabilisation économique témoigne» (JC Lattès, 2019).
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On ne vend pas une entreprise aussi stratégique qu’Alstom contre une promesse de créer 1000 emplois qui n’engage que celui qui y croit. Quatre ans après, on feint de se réveiller avec la gueule de bois car non seulement ces 1000 emplois n’ont bien sûr pas été créés, mais plus de 1000 vont disparaître. Entre-temps, un savoir-faire unique dans des technologies de pointe comme celle des turbines Arabelle qui équipent toutes nos centrales nucléaires est passé dans les mains de General Electric.
...en juin 2018, General Electric annonce finalement qu’il ne tiendra pas sa promesse de 1000 emplois créés. Libéré de ses obligations sociales à partir de fin 2018, General Electric met en place dès début 2019 un plan de départs volontaires visant environ 280 emplois au sein de la division nucléaire (encore appelée «Alstom Power Systems») via un programme de rupture conventionnelle collective (RCC) et un «plan senior». Puis vient maintenant ce nouveau plan social visant 1050 suppressions de postes.