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27 avril 2020 19:48

La crise du Covid-19 et le confinement accentuent-ils les difficultés qui existaient déjà au sein des prisons françaises? Un surveillant pénitentiaire fait le point sur la situation pour Sputnik.

Les prisons sont-elles au bord de l'implosion? Interrogé par Sputnik, Cédric Boyer, secrétaire local FO au centre pénitentiaire de Fresnes, passe en revue les problèmes auxquels font face les surveillants de prison durant cette période de confinement. En effet, les choses peuvent vite déraper. En témoignent deux incidents récents. Un agent en poste à Fresnes a découvert début avril au niveau des douches une vingtaine de couteaux confectionnés artisanalement.

«On est passé à côté d’un drame car je pense que ces couteaux auraient été utilisés par la population pénale, certainement contre nous. […] Ce n’est pas la première fois que l’on retrouve des armes artisanales à Fresnes, mais le problème qui se pose c’est que l’on a retrouvé une quantité importante le même jour. Il y avait donc quelque chose qui se tramait», détaille Cédric Boyer.

Pour faire la lumière sur cet évènement, «on a demandé à ce que le parquet soit saisi en vue de l’ouverture d’une enquête […] car il y a une zone mystère par rapport à tout ça. C’est l’utilisation des couteaux: à qui ils étaient destinés et pourquoi? Ce sont les questions que l’on se pose aujourd’hui», confie le secrétaire local FO.

Par ailleurs, dans la nuit du dimanche 26 au lundi 27 avril, un incendie volontaire, provoqué par des projectiles inflammables lancés par des détenus depuis leurs cellules, a débuté aux alentours de 23 heures. «Fort heureusement, les collègues sont intervenus très rapidement. Ils ont été secondés par les sapeurs-pompiers qui ont réussi à le maîtriser pour éviter une propagation importante», se félicite Cédric Boyer.

 

La promiscuité, les conditions de détention et la propagation du Covid-19 entre détenus pourraient-ils les pousser à l’émeute comme en Italie? Pour le syndicaliste, c’est très peu probable même si le personnel reste sur ses gardes.

«On ne savait pas comment ça allait se passer. On n’est pas dans le même état d’esprit qu’au début du confinement, en tout cas à Fresnes. Après, on gère de l’humain donc toute personne peut avoir des réactions différentes en fonction du moment et des circonstances.»

Certains prisonniers ont également peur que les surveillants leur transmettent le virus. Ce que Cédric Boyer avoue comprendre puisque l’«on est contact avec l’extérieur et l’intérieur de la détention donc toute personne peut véhiculer le Covid.»

Le confinement exacerbe les tensions

D’ailleurs, le syndicaliste souhaite que le protocole concernant le port du masque soit scrupuleusement respecté. En outre, «Fresnes, c’est le premier établissement où on a eu des cas positifs que ce soit du côté des personnels que celui de la population pénale. Une prison c’est déjà un établissement confiné donc on demande un dépistage systématique à la fin du confinement», explique Cédric Boyer. La crainte du coronavirus est-elle suffisante pour expliquer les tensions actuelles? Rien n’est moins sûre.

Aucun parloir, aucun ravitaillement en produit interdit

Comme Cédric Boyer le rappelle, «les parloirs, les contacts avec l’extérieur sont momentanément suspendus sauf pour ceux qui doivent voir leurs avocats. Les parloirs peuvent être source de tensions. Mais à Fresnes, pas plus que d’autres établissements, on n’a déploré aucun incident majeur.»

«Il y a une bonne partie qui comprend l’arrêt des parloirs, mais il y a une autre partie de la population pénale… Il faut dire les choses, les parloirs sont réputés pour faire rentrer à l’intérieur des produits interdits, du type stupéfiant ou téléphone. La conséquence de la fin des parloirs, c’est que c’est la fin du réapprovisionnement. Ça peut être un facteur de tension, mais on reste attentif.»

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