La famille Chu introuvable, repreneuse de la cristallerie de Baccarat, n’honorait pas ses remboursements de prêt depuis le début d’année. Leur société vient d’être placée en liquidation judiciaire. Deux administrateurs nancéiens sont nommés ce lundi pour gérer la cristallerie.
« Deux administrateurs judiciaires provisoires viennent d’être nommés par le tribunal de commerce de Nancy pour gérer la cristallerie. Les actionnaires chinois à tête de l’entreprise font l’objet d’une mise en liquidation judiciaire », lâche Eric Rogue, secrétaire du comité centrale d’entreprise (CCE) de la cristallerie de Baccarat. L’annonce de cette mesure qui vise essentiellement à protéger Baccarat SA est tombée ce lundi.
Une dette de 390 millions de dollars
Coco Chu et ses associés chinois, à la tête de Fortune Legend Limited, ne tenaient pas leurs engagements auprès de deux créanciers de Hong Kong (Tor Investment Management et Sammasan Capital) et leurs promesses envers la cristallerie. Ils n’ont effectué aucune échéance de remboursement de prêt depuis le début de l’année ni aucun investissement financier à destination de la manufacture. Entre 20 et 30 millions de dollars avaient été promis lors du rachat.
Pire, les Chinois ont prélevé 10,1 M d’euros dans les comptes de l’entreprise. « Ces actionnaires cumulent une dette de près de 390 millions de dollars. En Chine, on les considère comme des entités frauduleuses », rapporte Eric Rogue. La famille Chu avait emprunté près de 80 millions d’euros sur les 164 lors de l’acquisition en 2018.
Visite récente à Bercy
Cette nouvelle arrive quelques jours après une entrevue au ministère de l’Économie à Bercy, entre une délégation composée du député Thibault Bazin (LR), le maire de Baccarat Christian Gex, les représentants de l’intersyndicale et le délégué interministériel Marc Glita, représentant Bruno Le Maire. Ils avaient fait part de leurs inquiétudes sur les engagements non tenus des actionnaires actuels. Mais aussi de l’absence de direction générale. Le dossier bien connu au niveau national les avait rassurés.
Tout le monde attendait le 17 septembre prochain, date de l’assemblée générale de Baccarat SA, pour voir la situation évoluer. Mais celle-ci a été annulée suite à l’ordonnance du tribunal. Les créanciers hongkongais devaient y prendre la gouvernance par l’intermédiaire d’administrateurs d’un cabinet conseil parisien.
Ces bouleversements depuis le rachat n’ont pas joué sur le chiffre d’affaires qui était de 164 millions d’euros l’an passé, avec une marge bénéficiaire de 7 %. Certains salariés, d’une société qui en emploie 500 environ, ont montré des signes d’inquiétude durant l’été. La torpeur estivale et l’arrêt de la manufacture pour les vacances avaient éloigné un peu le problème.