« La guerre réelle qui se joue est de savoir si nous allons vivre dans un monde unipolaire atlantiste.
Dans ce cas-là, l’Europe disparaîtra dans sa dimension civilisationnelle et culturelle et les États européens n’existeront plus que pour transmettre les ordres pris ailleurs », affirme Karine Béchet-Golovko, docteur en droit public et professeur invité à l’université d’État de Moscou.
En septembre, nous l'avions reçu pour qu'elle nous parle de la gestion de la crise Covid en Russie. Cette fois-ci, Mme Béchet-Golovko nous livre son point de vue sur la guerre en Ukraine :
Dans cet entretien, la juriste explique que la population russe était depuis longtemps dans l’attente d’une réaction de la part de la Russie contre le gouvernement de Kiev, ce dernier, sous tutelle des Américains, menant depuis pas moins de huit ans des opérations militaires contre les populations ukrainiennes russophones.
Ce qui a été le déclencheur de l’intervention militaire russe, nous dit-elle, c’est la volonté affichée de l'Etat ukrainien de se renucléariser, une ambition annoncée par la voix de son président Volodymyr Zelensky le 19 février.
L’enseignante nous relate qu’à l'inverse des États-Unis, qui ont envahi l’Irak en bombardant les civils irakiens, la Russie ne s’en prend aucunement à la population civile, ciblant spécifiquement les infrastructures militaires.
A contrario, l’armée ukrainienne place son artillerie lourde dans les quartiers d’habitation jusque dans les cours d’école, ce qui a conduit à la défection de nombreux soldats dans leurs rangs.
Aussi, en plus de « dénazifier et de démilitariser l’Ukraine », l’objectif de Vladimir Poutine serait d’œuvrer à faire prendre à la population ukrainienne qu’elle n’est qu’un instrument au service des forces atlantistes.
Karine Béchet-Golovko en est certaine : « L’opération militaire russe se déroule sur le territoire ukrainien, mais elle n’est pas contre l’Ukraine. »