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david MIEGE
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13 juin 2023 13:25

Le 2 juin 2023, un colloque a été organisé au Sénat afin de statuer sur l’avenir des églises communales vidées de leurs paroissiens, depuis bien longtemps déjà. Le désir exprimé est d’imaginer « des usages compatibles avec le culte », mais derrière les bonnes intentions, certaines pistes pourraient laisser imaginer le pire.

En France, on dénombre environ cent mille églises, parmi lesquelles 40 000 sont encore ouvertes – dont beaucoup rarement – au culte catholique. Mais elles sont menacées par la dilution de la pratique religieuse : 2 500 à 5 000 risquent l’abandon, la vente ou la destruction d’ici à 2030.

En juillet 2022, un rapport d’information sur l’état du patrimoine religieux relevait trois causes à cette situation préoccupante : la sécularisation croissante de la société aggravée par la désertification de certains territoires, les contraintes budgétaires des communes et les regroupements paroissiaux.

L’ouverture des églises à « de nouveaux usages » est devenu le nouveau credo de certains politiques et d’hommes d’Eglise, afin de tenter de résoudre ce casse-tête : c’est tout le sens du colloque qui s’est tenu le 2 juin dernier au Sénat.

« On ne peut sauver un édifice que si on arrive à l’ouvrir », a expliqué Benoît de Sagazan, président de l’Institut Pèlerin du patrimoine, qui participait à la réunion tandis que le sénateur – communiste – Pierre Ouzoulias, appelait de ses vœux une « nécessaire resocialisation de ces édifices ». De quoi laisser craindre le pire…

Du côté de la Conférence des évêques de France (Cef) invitée à prendre part au débat, l’heure est plutôt, comme souvent, à l’attentisme : interrogé sur la possibilité d’un partage des églises par d’autres cultes, le père Gautier Mornas, directeur du département Art sacré de la Cef, a répondu que l’idée de confier des églises à d’autres cultes tel l’islam, ne lui paraissait « pas compatible » avec la consécration des édifices. Une réponse censée rassurer, mais derrière les précautions de langage, on sent que tout reste possible.

La Cef tente plutôt de trouver des « usages compatibles avec le culte », usages qui concernerait « tout ce qui élève l’humanité, l’aide à grandir, à porter son regard plus loin et plus haut », déclare le père Mornas.

Faut-il voir comme prémices de ces futurs usages « l’épicerie solidaire » ouverte dans l’église Saint-Camille de Lyon où l’on peut, entre deux stations du chemin de croix, faire ses emplettes au milieu d’une foule bruyante à des prix défiants toute concurrence ?

Ou ce « concert » dans l’église Saint-Vaast de Villers-au-Bois, où le public, vautré dans des transats, écoute la musique au pied des statues de saints qui ont fait la France ?

En tout cas, les résistances existent, et c’est heureux : Armelle Dallibert, attachée de conservation au département du Calvados – qui compte plus de 950 églises – déplore les « réactions parfois hostiles du clergé ».

Plus lucide et plein de bon sens, Bertrand de Feydeau, vice-président de la Fondation du patrimoine, a invité les sénateurs et la Cef à privilégier « la qualité » des projets, à « travailler l’esprit du lieu », à favoriser « la concertation » et à éviter les nouveaux usages « désordonnés » qui peuvent porter « un risque de lassitude assez rapide ».

Les sages du Palais du Luxembourg et les prélats de la Cef gagneraient à s’inspirer de ces quelques lignes écrites en 1914 par l’académicien Maurice Barrès, car elles n’ont pas pris une ride en plus d’un siècle : « Nos églises sont au premier rang de nos richesses de civilisation. Nous les avons reçues de nos aïeux, nous devons les transmettre à nos fils, nous n’avons pas à nous laisser étourdir par ceux qui les déclarent inutiles. » (La grande pitié des églises de France)

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