Agronutris, Innovafeed et Ynsect, trois pépites de la French Tech, sont à l'avant-garde sur ce marché. Elles ont obtenu de gros financements d'investisseurs privés et bénéficié d'une aide précieuse de l'Etat français à leurs débuts.
La France était connue à l'étranger pour ses fromages, ses vins et ses baguettes. Elle a ajouté une nouvelle corde à son arc lors de la dernière décennie : l'élevage d'insectes.
Parmi les pépites tricolores du secteur, il y a Innovafeed, qui vient de lever 250 millions d'euros et accélère en Amérique du Nord grâce à ses liens privilégiés avec Cargill et ADM, deux mastodontes de l'agroalimentaire.
Ynsect et Agronutris et, à une moindre échelle, Nextprotein , Mutatec et Invers, évoluent également sur ce marché. Ces entreprises n'élèvent pas les mêmes insectes : Innovafeed et Agronutris parient sur la mouche soldat noire, tandis qu'Ÿnsect cultive des scarabées Molitor et Buffalo.
Mais elles vantent toutes leurs bienfaits économiques (des cycles de développement court) et environnementaux (faibles besoins en ressources naturelles) et cherchent à écouler leurs protéines et engrais aux industriels de l'alimentation animale, végétale et humaine.
Le rôle de l'Etat
Si les Pays-Bas ont été les pionniers dans l'élevage d'insectes, la France apparaît désormais comme le leader mondial. « Il n'y a aucune une autre filière [dans la tech] où la France a les deux ou trois leaders mondiaux », rappelle Antoine Hubert, le patron d'Ynsect.
'émergence quasi concomitante de ces sociétés a des raisons multiples. « La France est une grande terre d'agro-industrie », remet en perspective Mehdi Berrada, le PDG d'Agronutris. « Il y a aussi un écosystème intéressant de collaborations entre les entreprises et l'Inrae et AgroParisTech », poursuit-il.
L'Etat a joué un rôle majeur dans la naissance de cette nouvelle filière. Bpifrance a investi dans Ynsect, Innovafeed et Agronutris ! « Les sociétés françaises ont été plus aidées à leurs débuts. Les sociétés étrangères s'en plaignent », sourit Clément Ray, le cofondateur d'Innovafeed.
Ces start-up ont aussi bénéficié du crédit impôt recherche et d'une kyrielle d'aides pour construire leurs sites industriels. Ynsect achève une usine près d'Amiens (Hauts-de-France), Agronutris a inauguré cet été un site à Rethel (Grand Est) et Innovafeed agrandit son usine à Nesle (Hauts-de-France), présentée comme la « plus grande du monde ».