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david MIEGE
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16 juin 2020 10:37

Dans son édito pour «Russeurope Express», Jacques Sapir analyse la récente hausse du chômage liée à la crise sanitaire du coronavirus. Malgré le déconfinement et la reprise de l’activité, l’économiste redoute une dépression durable.

Un édito de Jacques Sapir à retrouver en podcast dans l’émission Russeurope Express du 11 juin.

Plans sociaux en cascade, récession encore plus forte que prévu… Et si la flambée du chômage en avril n’était qu’un avant-goût de ce qui attend le marché du travail? Avec la fin programmée du chômage partiel et les faillites liées au confinement, le réveil pourrait être douloureux à la rentrée.

 

La «deuxième vague» de l’épidémie, dont on parle tant, pourrait-elle être celle du chômage? Quelle serait son ampleur? Avec quelles conséquences sociales?

La Dares du ministère du Travail annonçait il y a quelques jours une forte remontée du nombre des personnes inscrites en catégorie A: 827.000 en avril, après 243.000 en mars.
Qu’y a-t-il derrière ces chiffres? Il faut d’abord rappeler ce que signifient ces catégories: il y a la fameuse catégorie A, qui regroupe les personnes sans emploi faisant des actes dits «positifs» de recherche, puis les catégories B et C, dans lesquelles on classe les temps partiels, respectivement en dessous et au-dessus de 78 heures par mois, et enfin la catégorie D, celle des personnes sans emploi mais dispensées, pour diverses raisons comme la grossesse, de rechercher activement un travail.

 

Jacques Sapir et Clément Ollivier reçoivent Bruno Ducoudré, économiste au département Analyse et prévision de l’OFCE.

 

Mais quand on regarde bien les chiffres, on constate que cette augmentation vient essentiellement du transfert des inscrits des catégories B et C vers la catégorie A. On constate alors la montée très forte de l’ensemble A+D, qui passe de 3,5 à 4,6 millions en deux mois.

 
On constate aussi que l’ensemble, en incluant les catégories B et C, augmente bien moins. Il passe de 5,7 à 6,1 millions. En fait, les catégories B et C ont brutalement décru, passant de 2,2 à 1,5 millions.
Ces personnes qui composent les catégories B et C enchaînent petits boulots et contrats d’intérim. Ce sont des travailleurs précaires, qu’ils soient dans le bâtiment, les services ou l’hôtellerie-restauration.
Et ce sont eux qui ont été les premières victimes du confinement.
 
Graphique 2

Et puis l’on peut craindre que de nombreuses entreprises qui reprennent actuellement, confrontées à une demande qui reste faible, sombrent durant l’été qui vient. De l’automobile, avec le cas de Renault, à la grande distribution, en passant par certaines marques de prêt-à-porter, on voit que c’est une vague de licenciements qui est en train de se lever.

Globalement, les entreprises ne retrouveront pas immédiatement le niveau de demande de janvier dernier. Et cela aura des conséquences sur l’activité. Or on entend de plus en plus de voix qui demandent de baisser les salaires pour maintenir des emplois. Mais ceci nous précipiterait encore plus dans la crise.

En effet, une baisse du revenu conduirait à une nouvelle baisse de l’activité, qui pousserait à son tour les entreprises à demander une nouvelle baisse du revenu des salariés. Bref, ce qui est à craindre, c’est bien qu’à peine serions-nous sortis de la pandémie que nous tomberions dans le gouffre de la déflation.

 

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CITOYENS ET FRANCAIS - dans Emploi - Chômage