Alors qu’Emmanuel Macron doit intervenir ce soir pour annoncer sa décision sur la vaccination obligatoire des soignants, les épidémiologistes restent divisés sur la question. Invité le 11 juillet sur LCI, le médecin Martin Blachier a dénoncé l'obligation vaccinale pour les soignants et personnels de santé en la qualifiant de «très mauvaise entrée dans le sujet».
«De toute façon, comme on devra rendre la vaccination obligatoire pour une grande partie de la population française, je ne vois pas à quoi ça sert d’y entrer par les soignants, ce qui crée une espèce de sujet polémique inutile, alors que de toute façon on devra aller plus loin», estime-t-il.
Se référant à l'estimation d'André Grimaldi, professeur à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière de Paris et fondateur du collectif Inter-Hôpitaux, il a évoqué «30.000 contaminations sur des millions depuis le début de la crise». «C’est ridicule», note-t-il.
«On va se mettre à dos quelques soignants [...] pour une espèce de sujet de principe, alors que ce qu’il faut aujourd’hui, c’est qu’on lutte contre l’épidémie en vaccinant les plus vulnérables», a poursuivi Martin Blachier en rappelant que 30% des Français de plus 65 ans n’étaient pas encore vaccinés.
«Je pense que c’est un faux sujet qui arrive au mauvais moment et ne règlera aucun problème», conclut-il en prônant l’accélération de la campagne vaccinale pour toute la population.
Cette déclaration intervient après que le Conseil scientifique s'est prononcé en faveur d’une obligation vaccinale des soignants dans un avis rendu public le 9 juillet.
Une question qui divise la société
Depuis plusieurs jours, la question fait polémique. Pour l'instant, 57% des soignants en Ehpad sont immunisés, et 64% des professionnels des hôpitaux le sont alors que le gouvernement s’est fixé pour objectif qu’au moins 80 % aient reçu au moins une dose d’ici septembre.
Bien que 72% des Français se montrent favorables à la vaccination obligatoire des soignants, selon un sondage de l’institut Elabe réalisé le 7 juillet pour BFM TV et qu’Olivier Véran ainsi que des acteurs du secteur de la santé aient émis le 7 juillet une déclaration commune en faveur de cela, la crainte d'une fuite des professionnels persiste.
Elle est notamment partagée par Pascale de Bernard, gérante d’hôpital, qui a estimé le 8 juillet sur Europe 1 qu’elle risquait de «rendre l’embauche encore plus difficile».
«On a 11 postes vacants d'infirmiers, 11 postes vacants d’aides-soignants qu’on n’arrive déjà pas à recruter. On a déjà de grandes tensions, ça va ajouter de la complexité à la complexité», a-t-elle déclaré au micro de la radio, optant pour l’instant pour la pédagogie et invitant les médecins à rassurer et à persuader leurs équipes.
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