Le Brexit ne fait pas autant de ravages que prévu chez les Anglais et pour preuve : Stellantis, l’ex-Peugeot-Citroën, va investir dans son usine automobile du Royaume-Uni. Boris Johnson, le Premier ministre britannique, s’en est d'ailleurs félicité en y voyant un vote de confiance dans l’économie britannique.
Stellantis va moderniser son site d’Ellesmere avec quelque 120 millions d’euros, pour y fabriquer des véhicules électriques, tout en garantissant les emplois existants.
Il y a moins d’une semaine, c’est Nissan qui annonçait la construction d’une usine géante de batteries pour véhicules électriques, sur le site britannique de Sunderland, avec plus d’un milliard d’euros d’investissement.
En effet, le Brexit semble loin d’entamer la puissance industrielle du secteur automobile britannique, contrairement à ce qu’avaient prévu certains experts. Ceux qui nous expliquaient que l’Angleterre ne pourrait plus exporter ses voitures en Europe, à cause des droits de douane créés par le Brexit, et que du coup les industriels allaient quitter le pays.
Ça n’est pas du tout ce qui s’est passé, ces investissements en témoignent. Il faut dire que le gouvernement britannique a multiplié les incitations fiscales et les aides, pour faire rester les industriels.
Et l’exportation en Europe, vitale pour les constructeurs, reste possible car une clause de l’accord avec l’Union Européenne permet aux voitures fabriquées au Royaume-Uni d’être exportées sur le continent sans droits de douane, si elles contiennent au moins 40% de pièces fabriquées soit en Europe, soit chez les Anglais.
Un seuil qui va monter à 55% dans les prochaines années. C’est pour cela que Nissan monte une usine de batterie locale, et continue à utiliser Sunderland pour alimenter le marché européen, notamment avec le Qashqai, fabriqué là-bas.
L’autre secteur pour lequel on annonçait une catastrophe post-brexit, c’est la finance, qui allait être contrainte de quitter Londres. Là encore, pas du tout. On a vu Emmanuel Macron il y a quelques jours se féliciter des transferts de financiers londoniens à Paris. Il se contente de peu. Seulement 3.000 postes ont été transférés chez nous, sur les 450.000 que compte le secteur financier britannique. Le chiffre est à peu près le même à Francfort, et à Amsterdam. En clair, l’Europe continentale n’a profité que d’un exil marginal.
D’autant que dans le même temps, la plupart des banques installées à Londres ont continué à recruter. Les postes qu’elles ont supprimés se concentrent chez Deutsche Bank, Crédit Suisse et Nomura, en difficulté, selon une enquête du Financial Times.
Autrement dit, il y a aujourd’hui plus d’employés à la City qu’avant le Brexit.
Si les transferts attendus n’ont pas eu lieu, c'est parce que Londres est un centre d’expertise et de compétence financière de premier plan dans le monde, inégalé en Europe.
Parce que vue de la fenêtre d’un financier britannique, sur la Tamise, la France est un pays communiste, même quand la droite est au pouvoir et c’est vrai que notre fiscalité élevée nous dessert. Parce que les Anglais sont chauvins, et qu’ils considèrent que Londres est la seule capitale internationale en Europe, et ils n'ont pas tout à fait tort.
Que Paris parvienne à égaler Londres en matière de finance, c’est à peu près aussi improbable que si les Anglais se mettaient à faire de la bonne cuisine et du vin.