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david MIEGE
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10 juillet 2021 10:57

Les concepteurs du vaccin Comirnaty envisagent d’autoriser l’administration de sa troisième dose et projettent de faire une demande dans ce sens aux autorités régulatrices dans les prochaines semaines. En France, le gouvernement s’y prépare pour les plus vulnérables. L’idée d’une quatrième dose et de plusieurs rappels est aussi sur la table.

Évoquée il y a quelques mois, la mesure pourrait bientôt voir le jour. Dans un communiqué, les laboratoires Pfizer et BioNtech préconisent l’administration d’une troisième dose de leur vaccin dans l’idée d’augmenter son efficacité. Les deux sociétés associées précisent qu’elles s’adresseront «dans les semaines qui viennent» aux agences américaines et européennes du médicament.

Une nouvelle qui intervient au moment même où le variant Delta poursuit sa course à travers le monde et inquiète les autorités sanitaires. Dans une allocution du jeudi 8 juillet, le Premier ministre Castex lui-même a déclaré qu’«il nous faudra une 3e dose, parce que les défenses immunitaires s’affaiblissent.» Une idée qui fait son chemin et devrait nourrir le débat autour de l’efficacité des vaccins suite aux récentes contaminations sur des populations pourtant déjà vaccinées.

Une troisième dose, pour quelle efficacité?

Dans leur communiqué, Pfizer et BioNTech précisent que leurs études ont révélé «des données encourageantes» concernant les essais en cours pour l’administration d’une troisième dose de leur vaccin actuel: 

«Les données préliminaires de l’étude montrent qu’une dose de rappel administrée six mois après la deuxième dose présente un profil de tolérance cohérent, tout en suscitant de hauts niveaux d’anticorps neutralisants» contre le virus «et la variante Beta» identifiée en Afrique du Sud, «qui sont 5 à 10 fois plus élevés qu’après les deux doses initiales.»

Un communiqué qui tombe à pic, à l’heure où le variant Delta poursuit sa course en Europe. Ce dernier est en passe de devenir majoritaire en Grande-Bretagne (97% des nouvelles contaminations au 3 juillet) comme en France, où il représente déjà près de 50% des nouveaux cas, selon Olivier Véran.

​Une démonstration pour certains de l’inefficacité des vaccins face aux variants - néanmoins contredite par une absence de flambée d’hospitalisations et de formes graves dans ces deux pays. Reste que la protection du vaccin n’est pas éternelle: «même si la protection contre les cas graves de la maladie reste haute durant six mois, un déclin dans son efficacité contre les cas symptomatiques au cours du temps et de l’émergence de variants est attendu», précise le communiqué.

Cette troisième dose pourrait-elle booster le système immunitaire de ceux qui ont déjà reçu leurs deux premières doses face au variant Delta? Si Pfizer et BioNTech «mènent actuellement des tests précliniques et cliniques pour confirmer cette hypothèse», l’unanimité n’est pas de mise. 

 

Dans un communiqué commun l’agence américaine des médicaments (FDA), et le Centre de prévention et de lutte contre les maladies ont déclaré que «les Américains qui ont été entièrement vaccinés n’ont pas besoin d’un rappel à l’heure actuelle.» Pas de précipitations, donc, sans pour autant fermer la porte: «nous sommes prêts à administrer des doses de rappel si et quand la science aura démontré qu’elles sont nécessaires», ajoutent les deux agences. Les deux géants de l’industrie pharmaceutique ont annoncé de leur côté envisager de soumettre la publication de données à «la FDA, à l’EMA et à d’autres autorités réglementaires dans les semaines à venir».

La rente vaccinale de Pfizer

Si le débat de la troisième dose est réactualisé par la propagation de différents variants, le Delta en tête, il ne date pourtant pas d’hier. Le PDG de Pfizer Albert Bourla déclarait déjà début avril sur la chaîne américaine CNBC qu’une «troisième dose serait probablement nécessaire», avec «une vaccination à nouveau chaque année».

​La France également devrait s’engager dans cette voie. Dans un discours au Congrès des villes de France prononcé jeudi 8 juillet, le Premier ministre a jugé que «les plus vulnérables, vaccinés les premiers» devront «sans doute» recevoir «une troisième dose parce que les défenses immunitaires s’affaiblissent.» La Direction générale de la Santé préconisait de son côté également au début du mois d’avril «l’injection systématique d’une troisième dose de vaccin pour les personnes sévèrement immunodéprimées». Et l’évolution de l’épidémie avec son lot de variants est telle que, comme annoncé par le PDG de Pfizer, la possibilité d’aller au-delà de la troisième dose par l’organisation de plusieurs rappels est déjà sur la table.

«Les recherches sont en cours. Trois, voire quatre doses, des doubles doses […] Ou pour ceux qui n’ont pas d’anticorps du tout, une injection prophylactique d’anticorps monoclonaux. Tout cela est testé», déclarait dans un entretien livré au Monde ce jeudi 8 juillet, Alain Fischer, le M. Vaccin du gouvernement.

Les patrons de Moderna et celui de Sanofi ont eux aussi de leur côté déclaré qu’une telle décision irait dans le bon sens. De quoi assurer une solide rente au géant de l’industrie pharmaceutique américaine. Pfizer prévoit en effet d’engranger, pour la seule année 2021, 15 milliards de dollars de bénéfices. Une somme qui évidemment ne prend pas en compte les futurs contrats et la livraison des prochaines doses, de même que les rappels vaccinaux. Un chiffre sous-évalué, selon L’Humanité qui table sur des profits (déjà réalisés) quatre fois supérieurs à ceux annoncés. 

 

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