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7 juin 2023 23:16
Le barrage hydroélectrique de Kakhovka a subi de lourds dégâts ce 6 juin, l'eau s'écoule de manière incontrôlée en aval, ce qui risque d'entraîner des inondations et des coupures d'électricité. Les médias occidentaux ont accusé Moscou d'être à l'origine de l'attaque. Mais ces allégations ont-elles un sens? Sputnik se penche sur la question.
De multiples bombardements de Kiev ont provoqué la destruction de la partie supérieure du barrage hydroélectrique de Kakhovka dans la nouvelle région russe de de Kherson.

Pourquoi la centrale de Kakhovka est-elle importante?

La centrale hydroélectrique de Kakhovka a été construite sur le Dniepr en 1956.
En plus de produire de l’électricité, la centrale et son barrage ont servi à créer le réservoir de Kakhovka , long de 240 km, d’une superficie de plus de 2.150 kilomètres carrés, qui contient 18,2 milliards de mètres cube d’eau douce.
Il alimente les régions de Kherson, de Zaporojié et de Dniepropetrovsk (de Dniepr en ukrainien), régulant le débit d’eau le long du Dniepr. Il prévient les inondations et fournit de l’eau douce aux canaux de Crimée du Nord, de Kakhovka et de Dniepr-Krivoï Rog.
Le réservoir de Kakhovka alimente aussi les mines, les usines et les localités voisines, fournit de l’eau pour l’agriculture et, surtout, assure l’approvisionnement en eau du réservoir de refroidissement de la centrale nucléaire de Zaporojié.

Qui avait le contrôle de cet endroit?

La Russie a pris le contrôle de la centrale de Kakhovka le jour où Moscou a lancé son opération militaire spéciale en Ukraine le 24 février 2022, signalant son importance stratégique.
Les troupes ukrainiennes ont presque immédiatement commencé à bombarder les zones autour de la centrale et son barrage en utilisant l’artillerie à longue portée, des missiles et roquettes, y compris Totchka-U et HIMARS livrés par l’Occident. Elles ont également bombardé la ville de Novaïa Kakhovka, située à proximité de la centrale, tuant et blessant des dizaines de résidents locaux.
Selon Alexeï Podberezkine, directeur du Centre d'études militaro-politique affilié à l'Institut des relations internationales de Moscou (MGIMO), ces frappes font partie de la campagne ukrainienne visant à détruire le Donbass, sa population et ses infrastructures civiles qui se déroule depuis 2014.
 
"Le barrage a été bombardé plus d’une fois. Nos militaires, y compris les forces stationnées là-bas, ont fait de leur mieux pour l’empêcher. Mais lorsque l’autre partie a commencé à tirer avec des systèmes de 300 mm, qui ont été utilisés contre ce barrage, rien de plus ne pouvait être fait ici. Les forces armées ukrainiennes s’efforcent depuis longtemps de faire sauter le barrage de Kakhovka. Eh bien, ils ont obtenu ce qu’ils voulaient ", a-t-il déploré.

Les vains avertissements de Moscou

Les autorités russes, par le biais d’Arseni Zelensky, directeur adjoint de l’usine de Kakhovka, avaient déjà sonné l’alarme en août 2022, à propos de la menace que la destruction du barrage ferait peser sur la centrale nucléaire de Zaporojié située dans la même région.
 
"Des problèmes avec le barrage hydraulique de Kakhovka pourraient conduire à une catastrophe nucléaire", avait-t-il déclaré.
La Russie a décidé d'évacuer les civils et les troupes de la rive droite du Dniepr en octobre 2022 en partie en raison d’inquiétudes concernant la destruction potentielle du barrage de Kakhovka par les forces de Kiev. Le même mois, la Russie a fait circuler une lettre au Conseil de sécurité des Nations unies sur la situation autour de la centrale.
Son représentant permanent Vassili Nebenzia avait accusé Kiev d’une "provocation monstrueuse" impliquant le bombardement d’une ville voisine en utilisant jusqu’à 120 missiles et obus par jour sur une période de cinq mois. Il avait lui aussi averti que si le barrage était détruit, cela pourrait entraîner des milliers de victimes civiles et des dommages incalculables aux infrastructures civiles locales en aval du Dniepr.

L’acharnement des médias occidentaux

Faisant fi de tous ces avertissements russes pour éviter cet acte terroriste contre les infrastructures civiles, plusieurs médias occidentaux se sont précipités pour condamner Moscou.
 
"La crainte d'une catastrophe alors qu'un barrage majeur explose près de Kherson: l'Ukraine blâme la Russie car l'explosion provoque une brèche massive, provoquant des inondations et mettant en danger la centrale nucléaire", pouvait-on lire en grand titre sur le journal britannique Daily Mail.
La rubrique Instant Insight du Financial Times caractérisait la destruction du barrage comme une "nouvelle arme" entre les mains de la Russie, ignorant expressément l’impact catastrophique que l’attaque pourrait avoir sur les colonies et les infrastructures russes à Kherson et en Crimée.
 
 

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