Le pouvoir d’achat des ménages est continuellement mis à l’épreuve par l’inflation alimentaire depuis désormais plus de deux ans. Foodwatch, ONG qui lutte contre les pratiques de l’industrie agroalimentaire, pointe du doigt une nouvelle fois une pratique qui ne manque pas de faire débat. Baptisée « cheapflation », cette stratégie consiste à dégrader la qualité des produits tout en augmentant leur prix.
La cheapflation, un terme issu de la fusion entre "cheap" (bon marché en anglais) et inflation, décrit un phénomène où les entreprises réduisent la qualité de leurs produits - que ce soit en termes nutritionnels ou organoleptiques - tout en augmentant leur prix au litre ou au kilo.
Cette pratique peut inclure la réduction, la suppression, ou le remplacement d'ingrédients par des alternatives moins coûteuses et de moindre qualité, souvent sans une communication claire au consommateur. Malgré les économies apparemment minimes sur un seul produit, l'impact cumulatif pour une entreprise produisant des milliers d'articles peut être significatif.
Foodwatch s’attaque (encore) à la cheapflation
Foodwatch, ONG dédiée à la défense des droits des consommateurs, a mis une nouvelle fois en lumière la cheapflation comme une pratique opaque et trompeuse.
Alors que l’inflation dans l’alimentation a dépassé les 20% sur deux ans, cette pratique aggrave la précarité alimentaire, rendant les produits sains de plus en plus inaccessibles pour de nombreuses personnes.
Quelles marques ont été épinglées pour cheapflation ?
Dans son enquête, menée en collaboration avec France Télévisions et diffusée le 6 février 2024, Foodwatch a épinglé plusieurs grandes marques pour leur recours à la cheapflation. Parmi elles, Fleury Michon, Maille (Unilever), Milka (Mondelez), Bordeau Chesnel, After Eight (Nestlé), et Findus (Nomad Foods) ont été pointées du doigt pour avoir modifié la composition de leurs produits tout en augmentant leurs prix, souvent sans en informer clairement les consommateurs.
Dans son communiqué de presse, l’ONG tacle en particulier les surimi de chez Fleury Michon. La quantité de chair de poisson a baissé de 11% entre 2021 et 2023… mais le prix a augmenté de 40%. Les consommateurs payent donc plus cher un produit qui contient moins d’ingrédients de qualité.
Fooodwatch demande plus de transparence sur la Cheapflation
Sans surprise, Foodwatch appelle à une plus grande transparence de la part des industriels. L'organisation demande aux marques de communiquer clairement sur les changements apportés aux produits, tant sur leur composition que sur leur prix. « Comme la shrinkflation , la cheapflation est une pratique imperceptible et très difficile à démasquer. À ce jour, il n’existe aucune base de données recensant l’évolution des recettes et des prix des produits dans le temps. »
« Ce n’est pas en masquant l’inflation avec ces subterfuges que l’on va enrayer la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs et consommatrices. Si les industriels sont libres d’apporter les modifications souhaitées à leurs produits, ils doivent le faire avec beaucoup plus de transparence. Surtout, nous avons identifié des exemples remontant jusqu’en 2016, bien avant le début de la hausse des prix alimentaires.
Le phénomène n’est donc pas récent, mais l’inflation pourrait avoir encouragé les industriels à recourir à ces pratiques », écrit l’ONG dans son communiqué.