Un ouvrage du Centre pour la recherche économique et ses applications (Cepremap), « La Polarisation de l’emploi en France, ce qui s’est aggravé depuis la crise de 2008 », détaille le recul des emplois à salaire intermédiaire au profit des emplois à bas salaire et des hautes rémunérations.
Dans un ouvrage* paru en mars, deux économistes du Centre pour la recherche économique et ses applications (Cepremap) ont étudié les variations de la structure de l’emploi en France entre 1994 et 2013 à partir des données annuelles déclarées par les entreprises sur leurs salariés.
Leur conclusion est sans appel : les emplois à salaire intermédiaire (techniciens de niveau intermédiaire, ouvriers qualifiés et employés de bureau) ont reculé au profit des emplois à bas salaire, souvent dans les services, et des emplois à haute rémunération (notamment les travailleurs formés aux technologies qui possèdent des compétences dans le domaine des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques, surnommés « techies »).
Autrement dit, « les emplois de la classe moyenne se sont raréfiés ou ont même, pour certains, disparu, contribuant fortement au sentiment d’un déclassement irréversible».
Cette spirale est difficile à enrayer : «La réduction de la demande d’emploi à salaire intermédiaire entraîne une augmentation mécanique de l’emploi dans les postes à bas salaire, à la fois par un effet de dislocation des travailleurs à salaire intermédiaire se retrouvant au bas de l’échelle salariale (une personne licenciée retrouve rarement un emploi mieux rémunéré) et par les changements des opportunités d’emploi pour les jeunes arrivant sur le marché du travail», soulignent les auteurs.
Cette évolution en « sablier » de la structure des emplois, comme disent les spécialistes, c’est-à-dire d’écrasement des professions intermédiaires et des classes moyennes, a augmenté les inégalités de revenus. […]