Banque populaire, Crédit agricole, BNP, ces trois noms figurent dans le top cinq du classement des plus grandes banques françaises Ces trois banques partagent un autre point commun, moins glorieux : celui d’être citées dans le livre de Georges Malbrunot et Christian Chesnot : Qatar Papers.
Cet ouvrage, le dernier né du duo Chesnot/Malbrunot qui depuis leur captivité, en Irak en 2004, n’ont jamais cessé d’écrire à quatre mains, est un essai édifiant. Rigoureux, concis, le livre apporte des éléments concrets sur la manière dont le Qatar finance les activités des Frères musulmans en Europe. Les deux auteurs détaillent les associations, les projets et les circuits de financements.
Ils consacrent un chapitre entier à la « mosquée cathédrale An-Nour » dans la banlieue de Mulhouse, à cheval sur les frontières française, allemande et suisse. C’est le projet le plus important et le plus imposant d’Europe financé par Qatar Charity, une ONG accusée d’entretenir des « relations troubles avec des mouvements islamistes, voire djihadistes, au Sahel ou en Syrie, Qatar Charity, comme d’autres organisations de l’émirat, figure sur leur liste noire ».
Cette mosquée ou plutôt ce gigantesque centre, puisqu’il comprend en plus de l’édifice religieux, une piscine, une salle de sport, un coiffeur, un espace funéraire, etc. est évalué à 26 millions d’euros. An-Nour est géré par l’Association des musulmans d’Alsace (AMAL).
L’AMAL, association créée en 1973 et basée à Mulhouse, est proche des Musulmans de France, anciennement UOIF, une des filiales françaises des Frères musulmans. De part, l’idéologie qu’elle propage, l’islam politique et radical, et des fonds dont elle dispose, peu d’association loi de 1901 peuvent se targuer de gérer des établissements à 26 millions d’euros, les banques devraient, selon la réglementation bancaire, suivre des procédures strictes. […]
Or, que révèle Qatar Papers ?
Que la Banque Populaire et le Crédit Agricole hébergent au moins un compte de l’AMAL. En outre, le Crédit Agricole aurait également dans son portefeuille clients le fonds de dotation « Passerelles », qui est, selon les auteurs de l’ouvrage, « un acteur essentiel dans la stratégie de Qatar Charity en France. » Toujours selon Qatar Papers, par l’intermédiaire de ces deux entités AMAL et Passerelles, le Qatar a financé plus de la moitié de la « mosquée-cathédrale » soit 14 millions d’euros. Ce sont donc des sommes importantes qui transitent par leurs comptes en banque. La BNP Mulhouse n’est pas en reste puisqu’elle compte parmi ses clients la SCI Confluences, une société immobilière également liée à l’AMAL.
Ces trois importantes institutions bancaires ne peuvent pas se cacher derrière leur petit doigt et dire « je ne savais pas ». D’une part, dès 2016, les Dernières Nouvelles d’Alsace avaient publié un article sur l'AMAL et la participation du Qatar à ce montage financier ; d’autre part, à partir de l’été 2017, le Crédit Mutuel a adopté une politique de rejet des sommes venues de l’étranger.
Si cette dernière se méfiait pourquoi les trois autres banques précitées accordaient-elles toujours leur confiance ?
Leur aveuglement est d’autant plus suspect, qu’un drame particulièrement troublant aurait dû réveiller leurs consciences endormies. Le 5 mars 2019, alors qu’il bénéficiait d’un parloir familial avec sa compagne, Michaël Chiolo, un détenu radicalisé a agressé et pris en otage deux gardiens de la prison de Condé-sur Sarthe. Qui était cette femme de 35 ans, Hanane Aboulhana ?
Dans Qatar Papers, les auteurs écrivent qu’elle était membre de l’AMAL. Ils ajoutent que « jusqu’au début 2016, elle occupait un poste d’assistante de direction du fonds de dotation Passerelles, selon des courriels en notre possession qui lui étaient adressés par ses amis de l’AMAL. Abattue par un commando du Raid, elle aurait fourni à son compagnon le couteau dont il s’est servi lors de l’agression. C’est un très mauvais coup pour l’association des musulmans d’Alsace, confirme une source policière. »
Les institutions financières ne peuvent plus feindre d’ignorer…