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david MIEGE
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1 mars 2022 12:55

La libéralisation des marchés de l’énergie en Europe est un échec cuisant. Elle ne s’est pas traduite, comme promis, par une baisse des prix pour les consommateurs, mais par une envolée des tarifs. De plus, les gouvernements français successifs n’ont cessé d’affaiblir EDF et le système électrique du pays, qui avait pourtant garanti pendant des décennies une électricité abondante et bon marché.


La flambée des prix de l’électricité est une mauvaise nouvelle pour l’économie française et ses finances publiques. Pourtant, avec 70 % de son électricité produite par des centrales nucléaires amorties, la France devrait pouvoir continuer à bénéficier d’une électricité bon marché.

C’était sans compter avec une libéralisation européenne du marché de l’énergie menée de façon absurde et dogmatique, et avec des politiques énergétiques françaises caractérisées, depuis de nombreuses années maintenant, par l’indécision, le manque de courage et des calculs à courte vue.

Si on y ajoute les usines à gaz administratives dont l’État français a le secret pour donner l’illusion de créer un marché concurrentiel, on aboutit à une situation dans laquelle tout le monde est perdant.

Le consommateur d’abord. Il paye toujours plus cher son électricité. Sans intervention de l’État, la hausse de la facture des particuliers en février aurait été de 44,5% ! EDF ensuite qui se trouve dans une situation financière et industrielle considérablement dégradée.

L’électricien public est surendetté et incapable de respecter un calendrier industriel, que ce soit celui de la maintenance de son parc de 56 réacteurs nucléaires ou de la construction d’un unique EPR à Flamanville. Dans le premier cas, le retard se chiffre en année et dans le second… il dépasse une décennie.

Enfin, le gouvernement se trouve condamné aujourd’hui à dépenser des dizaines de milliards pour éviter une catastrophe sociale, contenir l’envolée des prix et pour renflouer EDF, et lui donner enfin les moyens de mettre à niveau son outil de production…

Une libéralisation du marché européen menée en dépit du bon sens

La faute originelle revient, sans surprise, à la Commission européenne. Elle a pour nom « déréglementation du marché de l’énergie », intervenue en juillet 2007. On allait voir ce qu’on allait voir. La libéralisation du marché de l’énergie en général et de l’électricité en particulier devait ouvrir au consommateur européen une ère d’abondance et de prix cassés. C’est tout le contraire qui s’est passé.

A lire aussi, Stéphane Germain: Le capitalisme vainqueur par KO(VID)

« Obsolète », « aberrant », voilà comment le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, qualifie aujourd’hui, dans un sursaut de lucidité, le fonctionnement dudit marché européen de l’électricité. Il aura mis du temps à comprendre.

Ce n’était pas le cas de Marcel Boiteux, qui dirigea EDF pendant vingt ans, jusqu’en 1987. Il insistait en 2007 sur le caractère absurde des exigences de Bruxelles visant à mettre fin aux tarifs réglementés de l’électricité (subventionnés) afin de permettre aux nouveaux entrants de se développer. « Dans ce cas, il ne s’agit plus, comme la Commission européenne le fait espérer, d’ouvrir la concurrence pour faire baisser les prix, mais bien d’augmenter les prix pour permettre la concurrence. » Il avait parfaitement raison.

Bruno Le Maire veut maintenant « revoir de fond en comble le fonctionnement du marché unique de l’électricité. […] En France, on s’approvisionne en électricité à partir des centrales nucléaires et de l’énergie hydraulique, donc on a une énergie décarbonée et un coût très bas, mais le marché […] fait qu’il y a un alignement des prix de l’électricité en France sur les prix du gaz. » L’ennui, c’est que le ministre français de l’Économie n’a évidemment pas le pouvoir de revoir le système de fond en comble.

Le dispositif ahurissant de l’Arenh…

Et puis la faute n’est pas seulement bruxelloise. Pour contourner les injonctions de la Commission, les gouvernements français ont créé un système...

 

 

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