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david MIEGE
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22 février 2024 13:40

La décision du Conseil d’Etat (n° 463162 du 13 février 2024) rendue sur le recours de l’association Reporters sans frontières peut être commentée – comme c’est l’habitude – comme l’on veut. Elle suscitera en tout cas des cris d’orfraie des animateurs de la chaîne de télévision qui était visée dans le recours dirigé contre une décision de l’Arcom.

Si l’on sort des textes sur l’information et de l’appréciation de l’idée que l’Arcom ou le Conseil d’Etat se font de ces derniers et des faits, on peut tenter l’expérience suivante.

Sur la plupart des sujets qui font l’objet de l’attention des médias, on compare la manière dont ils sont traités : 

  1. D’une part dans les médias “dominants” (télévision, radio, presse écrite) ;
  2. D’autre part, dans d’autres médias qu’il faut aller trouver, par exemple, sur You tube ou dans des revues créées récemment. Autres médias qui accueillent des auteurs d’études qui, sur les sujets d’actualité et de société, fournissent des références historiques, sociologiques, économiques. Ou signalent les conflits d’intérêts. Ce que ne font généralement pas beaucoup les médias dominants.

La comparaison des contenus, notamment de ce qu’on apprend en consultant ces autres médias, et de ce que l’on entend sur les médias dominants, fait découvrir que ces derniers utilisent des techniques qui sont connues sous le nom de techniques de manipulation. Et qui ont pour objet et/ou pour effet de “formater” l’opinion.

Ces techniques de manipulation peuvent difficilement faire l’objet de sanctions. Quand un animateur coupe la parole à un invité (ce qui empêche ce dernier de s’exprimer), ou ajoute un qualificatif discréditant au nom d’un personnage ou d’un mouvement, ou d’une analyse, l’animateur/journaliste use de sa liberté.

Quand une chaîne de télévision traite toute la journée du même sujet sous le même jour, avec des animateurs et des invités qui sont renouvelés toutes les deux ou trois heures, pour entretenir systématiquement et mécaniquement le même sujet et la même manière de le percevoir, elle utilise sa liberté éditoriale.

L’information qui est donnée, dans des bulletins ou qui défile dans des bandeaux en bas des écrans de télévision, est (officiellement) de l’information. Même lorsque cette dernière privilégie des catégories de faits divers qui détournent l’attention des citoyens de décisions importantes qui sont prises par le pouvoir politique dans un intérêt qui n’est pas forcément l’intérêt général ou celui du pays. 

Il s’agit alors d’une question “d’honnêteté de l’information”. Laquelle est difficilement contrôlable. Règle d’éthique qui peut donc être techniquement ignorée.

Que faire ?

Les réglementations (préventives) peuvent toujours être “tournées”. On l’a vu ci-dessus. Les textes existants sont très détaillés, une autorité indépendante, l’Arcom, est chargée de faire la police… et l’on voit le résultat. Et on l’a vu deux fois aux élections présidentielles à l’occasion desquelles les médias ont “organisé” le duel Macron-Le Pen, prévu pour être favorable au premier. Lequel a par ailleurs été largement “fabriqué” et porté par lesdits médias.

Les techniques de manipulation étant connues et répertoriées, on peut se permettre d’imaginer quelques remèdes (1).

Car émettre une opinion en la présentant comme telle est une chose. Mais utiliser une technique destinée à faire croire, à faire penser et faire se comporter autrui d’une manière déterminée (par ex. à l’occasion d’un scrutin) en est une autre. Ce qui relèverait, dans des domaines autres que celui de l’information, du vice du consentement ou de l’escroquerie.

Sous ces réserves :

- On pourrait donner un droit de réponse (élargi) aux personnes mises en cause en raison de leurs opinions (par exemple, par l’usage d’un qualificatif les discréditant). Ou aux personnes ou organismes ayant relevé l’utilisation d’une technique de manipulation mise en œuvre pour occulter ou discréditer telle de leur analyse ou telle de leurs opinions ;

- On pourrait aussi prévoir qu’une élection acquise à la suite de la mise en œuvre de techniques de manipulation pourrait être annulée ;

- On pourrait enfin prévoir de frapper d’une amende civile, toute personne (animateur, journaliste, “spécialiste”, “consultant”) ayant mis en œuvre une technique de manipulation.

Certes, il n’y a actuellement pas de majorité parlementaire pour voter ce genre de mesures. Mais la situation est en réalité si caricaturale, le rejet de ce qui est “servi” comme information par beaucoup de médias “dominants” est tel, qu’un jour…

(1) Remèdes, sous forme de sanctions, qu’il faudrait expérimenter et dont l’éventuelle efficacité dépendrait évidemment des convictions de ceux qui seraient chargés de les mettre en œuvre.

Marcel-M. Monnin est maître de conférences honoraire des universités.

 

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